25 pays s’unissent dans la lutte contre la pollution plastique
24 janvier 2025
24 janvier 2025
La pollution plastique est l’un des défis les plus pressants de notre époque, une crise qui menace à la fois nos écosystèmes et notre avenir. Comment rester passifs face à des océans asphyxiés, des terres saturées de déchets et des générations futures condamnées à hériter de nos excès ? Aujourd’hui, le Partenariat mondial d’action contre la pollution plastique (GPAP) du Forum économique mondial vient d’accueillir sept nouveaux pays membres, portant son réseau à 25 nations et 1,5 milliard de personnes engagées dans cette lutte capitale. Ce cap crucial ne concerne pas seulement des chiffres ; il marque un véritable appel à l’union mondiale pour repenser notre rapport au plastique. Angola, Bangladesh, Gabon, Guatemala, Kenya, Sénégal et Tanzanie rejoignent désormais cette coalition ambitieuse qui cherche à transformer la manière dont nous produisons, utilisons et recyclons les plastiques. Ensemble, ils incarnent une force collective capable de répondre aux racines profondes de cette crise mondiale.
Le Partenariat mondial d’action contre la pollution plastique (GPAP) du Forum économique mondial a récemment accueilli sept nouveaux pays membres, portant ainsi son réseau mondial axé sur l’impact à 25 pays comptant une population totale de plus de 1,5 milliard de personnes. Il s’agit d’une étape cruciale dans la lutte contre la pollution plastique et renforce le GPAP en tant que plus grande initiative mondiale dédiée à la lutte contre ses causes profondes et à la promotion d’une économie circulaire des plastiques dans le monde entier. La communauté croissante veut donc continuer de proposer des solutions systémiques aux principaux défis de la pollution plastique, tels que la promotion de matériaux durables, le renforcement des systèmes de recyclage, la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, etc.
Les sept nouveaux pays — l’Angola, le Bangladesh, le Gabon, le Guatemala, le Kenya, le Sénégal et la Tanzanie — apportent un nouvel élan et de nouvelles perspectives à la mission du GPAP, qui consiste à amplifier l’impact, à permettre le partage des meilleures pratiques et à renforcer les efforts nationaux et internationaux visant à réduire la pollution plastique. Au cœur du modèle du GPAP se trouvent les feuilles de route nationales d’action, des stratégies sur mesure et spécifiques à chaque pays, éclairées par l’expérience collective du réseau. Celles-ci ont déjà mobilisé 3,1 milliards de dollars d’investissements, créé des emplois plus sûrs pour les travailleurs informels du secteur des déchets et aidé les pays à réaliser des progrès mesurables en matière de durabilité et de résilience climatique.
« Le fait d’avoir atteint ce cap des 25 nations n’est pas seulement une célébration des chiffres, c’est aussi un témoignage de la détermination croissante de la communauté internationale à s’attaquer à l’un des défis les plus urgents de la planète », a déclaré Clémence Schmid, directrice du GPAP au Forum économique mondial. « Ces partenariats ne sont pas uniquement symboliques. Ils représentent des engagements concrets pour repenser la manière dont les plastiques sont produits, gérés et réutilisés. Ensemble, nous traçons la voie vers une économie circulaire des plastiques qui profite aux personnes et à la planète. »
Avec 6 millions de tonnes déversées dans les océans chaque année et plus du double de cette quantité polluant les terres, les déchets plastiques mal gérés perturbent gravement les écosystèmes, nuisent à la biodiversité et menacent la santé et les moyens de subsistance des populations dans le monde entier. En réunissant 25 pays dans un cadre commun, le GPAP favorisera une action collaborative et des solutions innovantes qui peuvent aider les pays à mettre un terme aux fuites de déchets plastiques, à faire la transition vers des matériaux durables et à protéger les écosystèmes et les moyens de subsistance de leurs effets négatifs en cascade.
La pollution plastique contribue de manière significative au changement climatique, puisqu’elle est responsable d’environ 1,8 milliard de tonnes d’émissions de gaz à effet de serre par an, selon une enquête des Nations-Unies. Soit 3,4 % du total des émissions mondiales, un chiffre qui devrait augmenter considérablement puisque la production de plastiques devrait tripler d’ici à 2060.
Environ 98 % des plastiques à usage unique produits aujourd’hui sont fabriqués à partir de produits pétrochimiques, c’est-à-dire de composants dérivés du pétrole et du gaz. L’extraction et le transport de ces combustibles fossiles, ainsi que la fabrication et l’élimination des plastiques, génèrent des émissions de carbone responsables du réchauffement de la planète.
Le pétrole est de plus en plus remplacé par des énergies renouvelables dans le secteur de l’électricité, et l’utilisation du pétrole dans le transport routier et la production d’électricité diminue petit à petit. Les produits pétrochimiques devraient représenter plus d’un tiers de la croissance de la demande mondiale de pétrole d’ici à 2030, et près de la moitié de la croissance d’ici à 2050.
Les émissions de méthane provenant des décharges, plus de 80 fois plus puissantes que le CO₂ à court terme, peuvent être considérablement réduites grâce à l’approche systémique de la gestion des déchets du GPAP. Le CO2 atmosphérique est aujourd’hui 50 % plus élevé que les niveaux préindustriels. En 2022, le CO2 a augmenté de plus de 2 ppm pour la onzième année consécutive, ce qui représente le taux d’augmentation du CO2 le plus élevé depuis le début de la surveillance, il y a 65 ans. Avant 2013, on n’avait jamais enregistré trois années consécutives d’augmentation du CO2 de 2 ppm ou plus.
En promouvant les systèmes circulaires, le GPAP vise à contribuer à réduire les émissions du secteur des plastiques tout en favorisant la croissance économique grâce aux emplois verts. On estime que les solutions circulaires pourraient créer jusqu’à 6 millions d’emplois dans le monde d’ici à 2030, le secteur des plastiques étant à l’origine d’une grande partie de cette transformation, selon un rapport de l’Organisation internationale du Travail de 2018. Celui-ci démontre que, bien que les mesures d’atténuation des changements climatiques puissent entraîner des pertes d’emplois à court terme, une transition juste vers une économie plus durable accroît le potentiel de création d’emplois et renforce la promotion du travail décent. Il examine également les aspects fondamentaux liés à la transition vers une économie plus verte, et notamment les politiques macroéconomiques et environnementales, les programmes publics, ainsi que la protection et la formation des travailleurs.
La nécessité urgente de rendre le cycle de vie des plastiques plus circulaire appelle à un élargissement des politiques nationales et à une amélioration de la coopération internationale pour atténuer les impacts environnementaux tout au long de la chaîne de valeur. Les perspectives des Nations-Unies identifient ainsi quatre leviers essentiels pour infléchir la courbe des plastiques : un soutien plus important aux marchés des plastiques recyclés (secondaires) ; des politiques visant à stimuler l’innovation technologique dans le domaine des plastiques ; des mesures politiques nationales plus ambitieuses ; et une plus grande coopération internationale.
Développer les marchés des plastiques recyclés en combinant des politiques d’incitation et d’attraction. Bien que la production mondiale de plastiques secondaires issus du recyclage ait plus que quadruplé au cours des deux dernières décennies, elle ne représente encore que 6 % de l’ensemble des matières premières. Étant donné que les plastiques secondaires sont principalement considérés comme des substituts des plastiques primaires, plutôt que comme une ressource précieuse à part entière, le marché des plastiques secondaires reste petit et vulnérable. Certains pays ont réussi à renforcer leurs marchés en « poussant » l’offre de plastiques secondaires – par exemple, grâce à des systèmes de responsabilité élargie des producteurs – et en « tirant » la demande grâce à des objectifs de contenu recyclé. Le récent découplage des prix du polyéthylène téréphtalate (PET) primaire et secondaire en Europe et l’innovation croissante dans les technologies de recyclage sont des signes positifs qui montrent que la combinaison de ces politiques fonctionne.
Stimuler l’innovation pour un cycle de vie des plastiques plus circulaire. L’innovation peut apporter des avantages environnementaux significatifs – en réduisant la quantité de plastiques primaires nécessaires, en prolongeant la durée de vie utile des produits et en facilitant le recyclage. Les technologies plastiques environnementales brevetées ont plus que triplé entre 1990 et 2017. Pourtant, l’innovation en matière de prévention et de recyclage des déchets ne représente que 1,2 % de l’ensemble des innovations liées aux plastiques. Des politiques plus ambitieuses sont nécessaires, notamment une combinaison d’investissements dans l’innovation et d’interventions visant à accroître la demande de solutions circulaires tout en limitant la consommation de plastique en général.
Renforcer l’ambition des politiques publiques nationales. Un inventaire des principaux instruments réglementaires et économiques dans 50 pays de l’OCDE, émergents et en développement, élaboré pour le rapport des ations-Unies, suggère que le paysage actuel de la politique des plastiques est fragmenté et peut être renforcé de manière significative. Seuls 13 pays de l’inventaire disposent d’instruments politiques nationaux offrant des incitations financières directes pour trier les déchets plastiques à la source. Seuls 25 pays de l’inventaire ont effectivement mis en œuvre des instruments bien connus qui encouragent le recyclage, tels que les taxes nationales sur la mise en décharge et l’incinération. Parallèlement, plus de 120 pays ont mis en place des interdictions et des taxes sur les articles en plastique à usage unique, ou à d’autres articles de faible volume.
Cela signifie que ces instruments sont principalement efficaces pour réduire les déchets sauvages, plutôt que pour restreindre la consommation globale de plastique. Une feuille de route politique est proposée aux pays pour réduire les fuites de macroplastiques. Elle comporte trois phases de plus en plus ambitieuses : fermer les voies de fuite, construire des infrastructures sanitaires de gestion des déchets, organiser la collecte des déchets et réduire structurellement les déchets plastiques en élargissant le champ d’application des politiques de lutte contre les déchets (interdictions ou taxes sur les objets fréquemment jetés) et en améliorant la mise en œuvre de la législation :
Renforcer la coopération internationale pour rendre les chaînes de valeur des plastiques plus circulaires et parvenir à une fuite nette de plastique nulle. Compte tenu des chaînes de valeur mondiales et du commerce international des plastiques, l’harmonisation des approches de conception et de la réglementation des substances chimiques entre les pays sera essentielle pour améliorer la circularité des plastiques à l’échelle mondiale. En outre, les déchets mal gérés étant un problème très répandu, en particulier dans les pays en développement, des investissements majeurs dans les infrastructures de base de gestion des déchets sont nécessaires. Pour financer les coûts estimés à 25 milliards d’euros par an dans les pays à revenu faible et intermédiaire, il faudra mobiliser toutes les sources de financement disponibles, y compris l’aide publique au développement qui ne couvre actuellement que 2 % des besoins de financement. L’utilisation efficace de ces investissements nécessitera également des cadres juridiques efficaces pour faire respecter les obligations en matière d’élimination.
À l’avenir, le GPAP continuera de rassembler les pays et les autres parties prenantes pour construire une économie circulaire pour le plastique tout au long de son cycle de vie et transformer les déchets en ressources précieuses qui peuvent stimuler une croissance économique durable, équitable et résiliente pour tous.
À propos du Partenariat mondial d’action contre le plastique du Forum économique mondial
Le GPAP rassemble les gouvernements, les entreprises, la société civile et les experts pour lutter contre la pollution plastique et promouvoir une économie circulaire des plastiques, en traduisant les engagements en actions concrètes. Le GPAP aide les pays à créer des feuilles de route d’action nationales sur mesure, à mobiliser des investissements et à favoriser la collaboration intersectorielle. L’approche innovante et systémique du GPAP permet aux nations de lutter contre la pollution plastique, d’améliorer leur capacité à réduire les émissions et de construire des économies durables et inclusives. Depuis son lancement en 2018, le GPAP a réalisé des progrès mesurables, en obtenant plus de 3,1 milliards de dollars pour des solutions de gestion des déchets, en améliorant les moyens de subsistance de plus de 12 000 travailleurs informels du secteur des déchets et en permettant un impact transformateur sur l’ensemble de son réseau mondial en pleine croissance.