Protéger les vagues, une première en France dans un village breton
15 juin 2022
15 juin 2022
Sources de biodiversité marine, les vagues sont de plus en plus menacées par la construction d’ouvrages visant à freiner la montée du niveau de la mer. Pour la première fois en France, ce patrimoine océanique fait l’objet d’une mesure de protection grâce à une « réserve de vagues » créée par la commune de Saint-Pierre-Quiberon en Bretagne.
Depuis quatre mois, les vagues de la commune de Saint-Pierre-Quiberon, dans le Morbihan, sont protégées. Une première en France. La municipalité a adopté en février 2022 un arrêté définissant une « réserve de vagues » de 30 hectares le long de sa côte sauvage pour « préserver et promouvoir leur richesse et leur qualité ». Cette mesure permet l’interdiction de toute construction humaine, telle que des digues, des travaux d’ensablement ou le drainage de sable, pouvant modifier la forme des vagues, voire induire leur disparition à terme.
« Les vagues sont vulnérables », alerte Erwan Simon, à l’origine de cette initiative sur la presqu’île de Quiberon. Ce surfeur breton est un « chercheur de vagues ». Il parcourt le monde pour les recenser et milite pour qu’elles soient reconnues d’utilité publique.
Seules quelques réserves locales de vagues existent déjà dans de rares pays comme l’Australie et les États-Unis. Le Pérou, quant à lui, compte une trentaine de sites protégés. « Quand Erwan Simon est venu nous parler de ce projet, on a naturellement été d’accord. On est déjà en zone Natura 2000 [site classé par l’Union européenne] mais protéger les vagues c’est du jamais vu », raconte Stéphanie Doyen, la maire de Saint-Pierre-Quiberon.
« La France, explique Erwan Simon, possède la 2e plus grande aire maritime au monde et elle est championne de l’hydrodiversité, grâce à sa présence dans des zones tropicales, arctiques, tempérées. Les vagues en font partie. Notre pays compte énormément de spécimens remarquables, dans le Sud-Ouest comme à Hossegor [Landes], ou à Tahiti [Polynésie française] et nous nous devons de les protéger ».
Certaines vagues ont déjà disparu en France à cause de l’intervention de l’homme. « Dans la commune d’Anglet [Pyrénées-Atlantiques], la ‘barre’ était une vague réputée mondialement, parmi les plus belles du monde. Le spot n’a pas survécu à la construction de deux grandes digues d’agrandissement du port de Bayonne, dont le but était de faciliter l’accès des cargos dans une zone où ces vagues les empêchaient de passer », raconte Erwan Simon, qui a fini par fonder l’association France Hydrodiversité pour protéger ce patrimoine marin.
À Saint-Pierre-Quiberon, la fameuse vague, qui vient se fracasser contre les falaises déchiquetées, attire de nombreux touristes. « Puissante », « changeante », « rarement freinée par la houle », elle forme le deuxième spot de surf le plus connu de Bretagne. « Elle revêt un aspect patrimonial, avec des gens qui viennent séjourner ici pour la surfer, d’autres pour humer ses embruns », poursuit la maire de la commune.