175 pays préparent un traité contre la pollution plastique

 

Les représentants de 175 pays se sont récemment réunis à Nairobi dans le cadre de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement (ANUE), et se sont engagés à établir un traité international visant à mettre fin à la pollution plastique. Alors que le plastique participe considérablement au réchauffement climatique et à l’effondrement de la biodiversité, plusieurs centaines de millions de tonnes de plastique continuent d’être produites chaque année. Face à ce constat alarmant, ce futur traité ambitionne de s’attaquer à l’ensemble du cycle de vie du plastique et devrait être mis en œuvre en 2024.

L’ANUE a récemment adopté une résolution chargeant un « comité intergouvernemental de négociation » d’élaborer un texte juridiquement contraignant visant à lutter contre la pollution plastique[1].

Alors qu’une partie des centaines de millions de tonnes de déchets plastiques produits chaque année sont retrouvés sous forme de micro-plastiques dans tous les océans du monde, dans les glaces des deux pôles, au sommet des montagnes, ainsi que dans l’organisme de divers animaux, l’homme n’y faisant pas exception, le comité s’est vu attribuer l’ambitieuse mission de répondre à cette catastrophe grandissante en prenant en compte l’ensemble du cycle de vie du plastique.

Le futur traité international, qui devrait être opérationnel d’ici à 2024, englobera ainsi tant la production de plastique que son utilisation, mais également la gestion des déchets, la réutilisation des produits plastiques et son recyclage.

Un traité ambitieux face à l’urgence climatique

En 2019 seulement, pas moins de 460 millions de tonnes de plastiques ont été produites dans le monde. En l’absence de mesures ambitieuses de lutte contre la pollution plastique, la production globale devrait atteindre 600 de tonnes métriques par an d’ici la fin de la décennie, et 800 millions d’ici 2040[2].

Si rien ne change, l’océan contiendra 1 tonne de plastique pour 3 tonnes de poissons d’ici 2025. – Pixabay

Plus alarmant, sur les 9,2 milliards de tonnes de plastiques produites entre 1950 et 2017, pas moins de milliards sont aujourd’hui des déchets, dont 9% seulement sont recyclés. En effet, environ 75% du plastique se retrouve désormais dans des décharges ou s’accumule dans l’environnement.

À cet égard, une étude suggère que l’accumulation des déchets plastiques dans les écosystèmes marins devrait tripler au cours des deux prochaines décennies pour atteindre en moyenne 29 millions de tonnes par an[3]. Or, sans surprise, la pollution plastique et l’accumulation des déchets sauvages dans l’environnement contribuent considérablement à l’effondrement de la biodiversité, composante essentielle de la lutte contre le réchauffement climatique[4].

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Selon Christina Dixon, responsable adjointe de la campagne sur les océans à l’Environmental Investigation Agency, en s’attaquant à l’ensemble du cycle de vie du plastique, « cette résolution reconnaît enfin que nous ne pouvons pas lutter contre la pollution plastique sur terre et dans les océans sans intervenir à la source »[5].

Vers la fin de la pollution plastique ?

Aujourd’hui, plus de 60 pays ont déjà mis en place des interdictions et des taxes sur les emballages plastiques et déchets à usage unique, qui représentent actuellement 40% de la production globale, afin de réduire leur utilisation et améliorer la gestion des déchets plastiques.

Triste conséquence de la pollution plastique au Bangladesh – Pixabay

Sur fonds d’inquiétude grandissante, ce traité ambitionne de redéfinir notre approche quant à la production et l’utilisation du plastique. Selon Inger Anderson, directrice exécutive du Programmes des Nations unies pour l’environnement (PNUE), « le message est simple, nous allons éliminer la pollution plastique de notre environnement ».

À cette fin, le comité intergouvernemental chargé de réaliser le futur traité pourra définir des mesures contraignantes pour atteindre les objectifs fixés. Le traité pourra également établir des plans nationaux de lutte contre la pollution plastique, tout en tenant compte des « circonstances » spécifiques de chaque pays.

En effet, selon une étude menée par Planet Tracker[6]la consommation de plastique dans les pays développés est 2,5 fois plus élevée par habitant que dans les pays en développement. Le traité devra ainsi justement prendre en compte l’empreinte écologique des pays développés, et élaborer des mécanismes de financement et de soutien pour les pays en voie de développement.

Toutefois, bien que cet accord semble prometteur, le processus de négociation s’annonce épineux, et fera sans aucun doute l’objet de nombreux débats houleux quant à la définition des objectifs à atteindre et leur mise en œuvre, ainsi que le rôle individuel de chaque état et du secteur privé dans cette lutte globale contre la pollution plastique. Penser les limites est une (bonne) chose, les appliquer en est une autre. 

Source: MR. Mondialisation