Changement climatique : la vitesse du son dans l’océan pourrait augmenter et perturber les espèces animales
1 avril 2022
1 avril 2022
Grâce à un modèle mathématique, des chercheurs italiens ont découvert que le changement climatique pourrait modifier la vitesse du son dans l’océan d’ici la fin du siècle. Ce phénomène pourrait perturber la communication des animaux marins.
L’océan n’est pas le monde du silence. D’ailleurs, une grande partie de la vie marine (notamment celle des mammifères) dépend du son pour se nourrir ou encore se reproduire. Outre la pollution sonore sous-marine liée aux activités anthropiques, la communication des animaux marins pourrait aussi souffrir du changement climatique. Selon une étude publiée le 22 mars 2022 dans la revue Earth Future, ce phénomène est susceptible d’augmenter la vitesse de propagation du son dans les océans, avec à la clé des conséquences encore difficiles à évaluer.
Des chercheurs de l’Institut national italien de l’océanographie et de la géophysique appliquée ont évalué l’impact du changement climatique sur la propagation du son à l’aide de calculs pour simuler le processus en 3D dans l’environnement aqueux, en tenant compte de la profondeur, de la salinité et de la température de l’eau. Le tout avec une précision de 0,1 mètre par seconde. « Le calcul a été effectué sur la base des conditions actuelles (2006-2016) et d’un scénario climatique futur (…) identifiant deux ‘points chauds acoustiques’ où des variations de vitesse du son plus importantes sont attendues« , expliquent les scientifiques.
Ces points chauds acoustiques se développeront à l’est du Groenland et au nord-ouest de l’océan Atlantique. La vitesse moyenne du son y augmentera de plus de 1,5 % (soit environ 20 m/s) à la fois dans les couches profondes et peu profondes de l’océan. Ce scénario est établi si les émissions de gaz à effet de serre élevées se poursuivent jusqu’en 2100, « ce qui représente un résultat probable si la société n’agit pas pour réduire les émissions« , remarquent les chercheurs italiens.
Les mammifères aquatiques adoptent largement une communication sonore dans une variété de contextes. Alors pour mieux évaluer les conséquences de ce changement sur la faune marine, les chercheurs ont ensuite décidé de se concentrer sur le point chaud acoustique de l’océan Atlantique et sur une espèce présente là-bas : la baleine franche de l’Atlantique nord (Eubalaena glacialis), en danger critique d’extinction selon l’Union internationale pour la conservation de la nature, vit malheureusement dans les deux points chauds. « Nous avons considéré une communication acoustique potentielle entre deux de ces baleines. Dans ce cas, ces animaux agissent comme une source produisant les appels stéréotypés vocalisant à 50 Hz et sont placés à 50 m de profondeur« , explique l’étude.
Selon les résultats obtenus, l’appel se propagera plus loin à cause du changement climatique. Quel effet cela aura sur la communication au sein de l’espèce ? Les chercheurs ne le savent pas encore mais supposent que les activités vitales des espèces pourraient être perturbées. Et il est possible que ces cétacés moduleront en conséquence la fréquence de leurs vocalisations. « De plus, il convient de considérer que le son produit par des sources anthropiques se propagera également plus rapidement, entraînant potentiellement des conséquences problématiques pour la pollution acoustique« , alertent les chercheurs qui suggèrent que cette problématique soit désormais prise en compte dans les mesures de conservation.
Source: Sciences et Avenir