Une découverte « époustouflante » en Antarctique : des dizaines de millions de nids de poissons des glaces sous la mer

 
 
 
Des scientifiques viennent de découvrir des dizaines de millions de nids d’une espèce de poisson des glaces dans la mer de Weddell, en Antarctique. Une découverte « époustouflante », selon des chercheurs.
 
. (Carte : Ouest-France)

240 km2, soit plus de deux fois la taille de Paris. C’est la superficie sur laquelle s’étend la zone de ponte d’une espèce de poisson des glaces, le Neopagetopsis ionah, dans la mer de Weddell, en Antarctique. Des scientifiques viennent d’identifier celle-ci, où se trouveraient des dizaines de millions de nids. La découverte a été rendue publique jeudi 13 janvier 2022 avec la publication d’une étude dans la revue scientifique Current Biology . Elle permet de mieux comprendre le fonctionnement de l’écosystème de la région, les nids servant sûrement de nourriture pour les prédateurs de la région.

Une découverte du hasard

C’est par hasard qu’un groupe de scientifiques a découvert cette immense zone de ponte des poissons des glaces. Ils étudiaient des remontées d’eau, phénomènes créés par un fort vent marin poussant l’eau de surface des océans, permettant aux eaux plus profondes, chargées de nutriments, de remonter. Mais grâce à leur appareil photo remorqué, saisissant des images et réalisant des mesures des habitats en eaux profondes, ils ont repéré cette immense zone de ponte.

 
 

Une découverte « époustouflante »

« Nous nous attendions à voir le fond marin normal de l’Antarctique… [mais] pendant les quatre premières heures de notre plongée, nous n’avons vu que des nids de poissons », a déclaré Autun Purser, biologiste marin de l’Institut Alfred Wegener pour la recherche polaire et marine, basé en Allemagne, et auteur principal de l’étude publiée dans Current Biology , dans des propos cités par le quotidien britannique The Guardian .

Cette découverte est « époustouflante », selon les mots de Katrin Linse, biologiste marine allemande travaillant au British Antarctic Survey, l’opérateur qui exploite les stations de recherche britanniques en Antarctique, interrogée par le magazine scientifique The New Scientist .

Jusqu’ici, la plus grande zone de ponte découverte pour ces poissons était de 60 nids. L’étude estime qu’il y aurait en moyenne 2,6 nids par m2, soit 60 millions de nids en tout sur l’étendue de la zone de ponte.

 

 
Un nid de poisson des glaces parmi les 60 millions découverts. (Photo : Twitter / @seabedbiologist)

Merveille de l’évolution et ressource essentielle de l’écosystème

Ces poissons étaient déjà une merveille de l’évolution. Pour réussir à survivre dans ces eaux gelées, ils se passent d’hémoglobines et de globules rouges, l’oxygène passant par simple diffusion, des branchies au sang, puis du sang aux organes.

 
Un poisson des glaces. Son sang est translucide. (Photo : Uwe kils/ CC BY-SA 3.0)

 

Mais cette découverte les rend encore plus importants pour l’écosystème de la mer de Weddell. Une telle profusion d’œufs pourrait expliquer comment les phoques survivent là-bas. « Il est extrêmement probable que les phoques mangent ces nids de poissons, a notamment expliqué Autun Purser. Si vous perdiez les nids de poissons, vous perdriez peut-être les phoques. C’est une énorme quantité de nourriture… »

Vers l’établissement d’une aire maritime protégée ?

Depuis 2016, une initiative dirigée par l’Institut Alfred Wegener propose de créer une aire marine protégée (AMP) au sein de cette région antarctique.

Les scientifiques ayant rédigé l’étude espèrent que cette trouvaille permettra de finalement acter de la nécessité de protéger l’endroit des activités de pêches et de recherches invasives.

« Nous pensons que notre découverte apporte un soutien aux efforts visant à protéger la mer de Weddell des impacts [provoqués par l’action de l’homme] en établissant une AMP », écrivent-ils en conclusion de leur étude.

Source: L’édition du soir