Les microplastiques pénètrent le cerveau et affaiblissent ses défenses immunitaires
29 novembre 2021
29 novembre 2021
Une étude récemment publiée dans la revue Science of The Total Environment le démontre chez la souris : la barrière hématoencéphalique — cette frontière quasi infranchissable qui protège notre cerveau des toxines, contaminants et autres agents pathogènes voguant dans le sang — est perméable aux microplastiques inférieurs à 2 µm de diamètre ! Une fois dans le cerveau, ces microplastiques s’accumulent dans les cellules microgliales, les cellules immunitaires qui protègent le cerveau des pathogènes. Les cellules microgliales chargées de microplastique peuvent même subir l’apoptose, ou suicide cellulaire, affaiblissant au passage les défenses immunitaires du cerveau.
Les chercheurs sont déjà au courant depuis des années des dégâts potentiels que peuvent causer les microplastiques sur les organismes, qu’ils soient marins ou terrestres. Pêle-mêle, des équipes de recherche ont récemment prouvé que ces microscopiques particules de plastique perturbaient les capacités cognitives des bernard-l’hermite, l’adhésion des moules à leurs rochers, la reproduction de certains poissons, ou encore la forme des cellules pulmonaires humaines. Le nouveau résultat vient compléter cet inquiétant tableau, en apportant une preuve de perturbation des défenses immunitaires cérébrales chez la souris, autrement plus proche de nous que le bernard-l’hermite.
Cette perturbation du bon fonctionnement cérébral s’installe après l’accumulation des microplastiques dans les cellules microgliales, des cellules macrophages, c’est-à-dire qui capturent et ingèrent par phagocytose les agents pathogènes du cerveau. Problème : les microplastiques ne sont pas dégradés par les enzymes des cellules microgliales, et elles s’accumulent jusqu’à parfois entraîner un fonctionnement anormal de la cellule. Par des expériences complémentaires, les chercheurs ont précisé que la morphologie des cellules microgliales, ainsi que l’expression de gènes assurant leur rôle de défense immunitaire, était altérée. Certaines cellules présentaient même des signes de suicide cellulaire, ou apoptose.
Même si l’exploration des conséquences cognitives de ce dérèglement du système immunitaire cérébral par les microplastiques reste à faire, ce résultat apparaît d’emblée inquiétant. « L’étude montre que les microplastiques, surtout ceux d’une taille inférieure à 2 µm, commencent à se déposer dans le cerveau et à provoquer des altérations de nos réponses immunitaires, même après une ingestion à court terme sur 7 jours », précise dans un communiqué Seong-Kyoon Choi, responsable de l’étude. En se basant sur ces recherches, son équipe vise désormais à mieux comprendre les mécanismes d’accumulation des microplastiques dans le cerveau et ses conséquences.
Source: Trust My Science