Mettre la technologie nucléaire à profit pour lutter contre la pollution plastique

En ce moment où les dirigeants du monde entier sont réunis à Manille pour le Forum NUTEC Plastics, l’AIEA a voulu mettre en avant la contribution qu’apportent la science et la technologie nucléaires pour combattre la pollution par le plastique.

Chaque année, quelque 20 millions de tonnes de plastique finissent dans les océans, les fleuves, les rivières et les lacs, venant ainsi perturber les écosystèmes et les activités de subsistance. NUTEC Plastics (Technologie nucléaire au service de la lutte contre la pollution par le plastique), une initiative de l’AIEA lancée en 2020, fait appel à la science pour surveiller, comprendre et limiter la pollution plastique à partir du niveau atomique. Mais en quoi les technologies nucléaires aident-elles les pays à s’attaquer au fléau de la pollution plastique ? 

1. Aborder le problème de la pollution plastique sur deux fronts
 

L’initiative NUTEC Plastics combine la science et la technologie pour lutter contre les déchets plastiques. Elle mise à cet effet : 

  • sur la surveillance et l’évaluation, en recourant à des techniques nucléaires afin de tracer et étudier les microplastiques présents dans les océans pour informer les décideurs ;
  • sur le surcyclage des déchets plastiques, grâce à la technologie des rayonnements, en vue de transformer ces déchets en des produits utiles de valeur élevée. 
2. Voir l’invisible

Les microplastiques sont de minuscules particules, dont la taille est quelquefois d’un millième de millimètre à peine. L’initiative NUTEC Plastics utilise des appareils d’imagerie nucléaire et des radiotraceurs pour détecter ces particules, les suivre et déterminer comment elles se déplacent dans les écosystèmes marins – et parfois même pour en retrouver la trace dans les produits de la mer.

Elle a également permis d’établir que des microplastiques passent de requins femelles adultes à leurs bébés.

Ces données viennent soutenir l’élaboration de politiques fondées sur des éléments probants et protègent les environnements marins ainsi que les populations qui en dépendent. 

3. Surveiller les océans

Les techniques d’imagerie dérivées du nucléaire donnent aux scientifiques la possibilité d’identifier jusqu’aux plus infimes particules plastiques présentes dans l’eau de mer, le sable de plage, les sédiments et les organismes marins. 

L’initiative NUTEC Plastics met à la disposition des laboratoires du monde entier la technologie et les connaissances techniques requises pour échantillonner, analyser et surveiller la pollution des océans par les microplastiques. 

Dans le cadre des travaux de l’AIEA consacrés à la surveillance de la pollution marine par les microplastiques, les experts des Laboratoires de l’environnement marin de l’AIEA situés à Monaco ont effectué des missions en Antarctique et dans les îles Galapagos (Équateur) afin de recueillir des données et de renforcer les capacités d’échantillonnage dans la région. Et force a été de constater que les microplastiques sont déjà présents dans ces coins les plus reculés de la planète. 

Ils sont désormais une bonne centaine de laboratoires à être connectés au Réseau mondial de surveillance de l’environnement marin issu de l’initiative NUTEC Plastics et à pouvoir ainsi mettre en commun leurs données ainsi que leurs connaissances et compétences. Plus de 400 scientifiques ont été formés à la surveillance et à l’analyse de la pollution par les microplastiques grâce au programme de coopération technique de l’AIEA. 

4. Transformer des déchets plastiques pour en faire des matériaux utiles

La technologie radio-assistée permet à l’initiative NUTEC Plastics de faciliter, dans divers pays, le tri et le surcyclage du plastique. Ces technologies nucléaires permettent de transformer des déchets en matériaux de construction durables, en cires et combustibles industriels, ou en plastiques plus robustes et plus durables. 

5. Conjuguer science et industrie pour offrir des solutions concrètes

L’initiative NUTEC Plastics favorise la collaboration entre le secteur public et le secteur privé pour faire en sorte que les solutions proposées soient non seulement scientifiquement fondées, mais aussi axées sur le marché.   Les matériaux précités sont notamment utilisés comme suit :   

  • En Argentine, des déchets plastiques recyclés servent à fabriquer des traverses de chemin de fer.
  • En Chine, des plastiques à base de polyoléfine, souvent utilisés pour les films alimentaires et les emballages rétractables, sont recyclés en cire industrielle.
  • En Indonésie, des toits de chaume résistant aux intempéries sont fabriqués à partir de plastique recyclé et de balle de riz.
  • En Malaisie, des procédés radio-induits ont été mis au point pour transformer des déchets de téflon (PTFE) en additifs industriels et du polyéthylène post-consommation en combustible.
  • Aux Philippines, des matériaux utilisés pour la réalisation de logements d’un coût abordable sont produits à partir de plastique recyclé.
  • En Tunisie, le ciment est partiellement remplacé par des déchets plastiques irradiés pour obtenir du béton plus léger, meilleur marché et tout aussi solide.
  • En Roumanie et en Allemagne, les progrès réalisés dans les techniques de tri ont permis d’accroître la pureté du polyéthylène et du polypropylène recyclés, et de créer ainsi des tissus de grande qualité à partir de déchets plastiques.
6. Privilégier progressivement une économie circulaire

NUTEC Plastics contribue à moins dépendre des combustibles fossiles, à réduire les émissions de CO₂ et à promouvoir une production durable en transformant les déchets en ressources de valeur élevée. 

La nouvelle plateforme d’évaluation de l’économie circulaire qui est issue de cette initiative a permis d’améliorer plus encore la boîte à outils de l’AIEA, en venant compléter les modèles existants destinés à évaluer la maturité technologique et la viabilité économique de l’intégration de la technologie des faisceaux d’électrons dans le recyclage du plastique. 

Le nouveau système transportable de faisceaux d’électrons de l’AIEA aidera également les États Membres dans leurs travaux de recherche-développement, les formations et les démonstrations portant sur des applications des rayonnements novatrices, notamment pour ce qui concerne le tri et le surcyclage des déchets plastiques. 

7. Accompagner la transition industrielle

L’initiative NUTEC Plastics a mis au point un plan de développement structuré qui accompagne 53 États Membres pour les aider à passer progressivement de la recherche en laboratoire à la production industrielle. L’objectif est ici de se doter d’installations industrielles expérimentales qui soient opérationnelles d’ici 2026-2027, afin d’ouvrir la voie à des industries plus vertes et de se rapprocher d’une économie circulaire. 

Œuvrons ensemble

L’initiative NUTEC Plastics bénéficie du soutien du programme de coopération technique et des projets de recherche coordonnée (PRC) de l’AIEA, ainsi que de contributions versées par les États Membres et partenaires de l’AIEA. Vous trouverez ici de plus amples informations concernant cette initiative – faits et chiffres, portail NUTEC, donateurs et partenariats. 

Source : Iaea