Tunisie : à Gabès, la pollution nourrit la colère des populations
6 novembre 2025
6 novembre 2025
Coincée entre la mer et la zone industrielle, l’oasis côtière de Chatt Essalem étouffe. Les usines du Groupe chimique tunisien (GCT), implanté là depuis 1972, dominent les parcelles verdoyantes plantées de palmiers dattiers qui bordent le littoral du golfe de Gabès, dans l’est de la Tunisie.
Les cheminées du complexe industriel rejettent dans l’air un mélange toxique de soufre, d’ammoniac et de fluor utilisés pour transformer le phosphate extrait du bassin minier de Gafsa en acide phosphorique et en engrais destinés à la consommation nationale et à l’exportation. Une production aux conséquences ravageuses sur l’environnement et le voisinage.
L’oasis autrefois luxuriante est à présent clairsemée. Des hectares entiers ont été rasés, remplacés par des habitations, et nombre d’anciens résidents ont quitté les lieux. Au milieu des palmiers qui résistent encore, Béchir Fetoui retrouve la petite parcelle héritée de son père.
L’instituteur de 51 ans, père de quatre enfants, a perdu huit de ses proches, emportés par le cancer, tout comme plusieurs amis et des élèves. « On veut nous forcer à l’exil à cause de la pollution, mais nos racines sont ici.