Espèce emblématique de la Méditerranée, le diable de mer en « danger critique d’extinction »

 

C’est le dernier pas avant l’échelle « éteinte dans la nature ». L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a dégradé, cette année, le statut de la raie mobula mobular(nouvelle fenêtre), surnommée en Méditerranée le « diable de mer ». L’animal est désormais considéré comme « en danger critique d’extinction ». Selon la Fondation de la Mer, qui a réagi dans un communiqué à ce déclassement, en « seulement sept ans, la population mondiale s’est effondrée, certaines sous-espèces, comme celle de Martinique, sont même déjà éteintes. Un signal d’alarme révélateur de la santé fragile de nos océans ».

La raie mobula mobular, qui peut atteindre jusqu’à 3,5 mètres d’envergure, nage à la surface et jusqu’à 1.000 mètres de profondeur. Elle vit dans des groupes pouvant atteindre jusqu’à 40 spécimens et est présente dans de nombreuses régions à travers le monde. Ces dernières années, un indicateur avait déjà alerté sur la santé de leurs populations : habituellement observées au large, les diables de mer étaient de plus en plus observés près des côtes, un « très mauvais signal » avait alors assuré cet été Matthieu Lapinski(nouvelle fenêtre), biologiste marin et président de l’association Ailerons.

Les raies mobula mobular sont entre autres menacées par la pollution – notamment plastique -, le réchauffement des eaux, la suractivité maritime et la pêche. Si leur capture est totalement interdite en France, elles sont régulièrement victimes de captures accidentelles puis conservées pour leur chair et leurs branchies, dont le commerce est en plein essor à travers le monde, voire directement ciblées dans certaines régions du monde.

 

Un animal méconnu

 

La protection de cet animal est d’autant plus difficile qu’il reste méconnu. « Le manque de connaissance sur la raie mobula freine les efforts de conservation », estime dans un communiqué Alexandre Iaschine. Le directeur général de la Fondation de la Mer soutient des missions pour mieux comprendre ces espèces et « combler ce déficit de connaissance » pour « pouvoir mettre en place des mesures de protection efficaces et durables ». 

 

 

Selon les données scientifiques, on suppose que les raies mobula mobular ne donnent naissance qu’à un seul petit tous les un à trois ans « et qu’elles se remettent donc lentement de la surpêche« , précise l’UICN qui indique que « la taille de la population mondiale est inconnue ». Toutefois, selon les données, « on soupçonne que la population mondiale de raies manta à queue épineuse a subi une réduction de plus de 80% au cours des trois dernières générations », c’est-à-dire en un peu moins de 50 ans. L’Union internationale alerte également sur une « nouvelle réduction de la population à prévoir » sur les 50 prochaines années.

Un nouvel exemple de la mauvaise santé à travers le monde des populations de raies, de requins et de chimères, dont la surpêche a provoqué, depuis les années 1970, une baisse de plus de 50% des populations. En juin dernier, à Nice, plus d’une quinzaine de pays avaient ainsi lancé une coalition pour stopper l’extinction de ces animaux.

Source : TF1