« Une fois qu’on l’a trop pêché, en général le poisson ne revient pas »
20 août 2025
20 août 2025
Clara Ulrich coordonne les expertises halieutiques à l’Ifremer. Cette spécialiste de la surpêche appelle à des mesures immédiates pour éviter les effondrements.
La préservation des stocks halieutiques, les populations de poissons qui permettent à l’humanité de se nourrir et aux équilibres naturels d’être préservés, est une priorité pour assurer la subsistance de l’espèce humaine. Comme l’a relevé la troisième conférence de l’ONU sur les océans (Unoc-3)* qui s’est tenue en juin à Nice, environ un tiers des zones de pêche dans le monde sont actuellement surexploitées.
À l’occasion du congrès scientifique One Ocean Science Congress, qui s’est tenu en amont de l’Unoc-3 à Nice, Le Point a pu rencontrer la chercheuse Clara Ulrich, coordinatrice des expertises halieutiques de l’Ifremer, l’institut français de recherche sur les océans. Experte des questions de surpêche, elle lance l’alerte : « Une fois que l’on a trop pêché, que l’on est arrivé trop bas dans les stocks, souvent il est trop tard. »
« Il faut limiter la pêche aujourd’hui, non pas pour embêter les pêcheurs qui essaient de gagner leur vie sur les quotas mais pour éviter le risque d’effondrement, poursuit-elle. Car une fois qu’il y a eu effondrement, en général cela ne peut pas revenir » à la normale.
Clara Ulrich a été formée à l’Ensar (École nationale supérieure agronomique de Rennes) ainsi qu’à l’Institut Agro Rennes-Angers. Avant d’intégrer l’Ifremer, elle a été chercheuse et professeure en halieutique pendant près de vingt ans à l’université technique du Danemark, à Copenhague.
* La troisième conférence de l’ONU sur les océans, l’Unoc-3, s’est tenue à Nice du 8 au 13 juin 2025, réunissant 64 chefs d’État et de gouvernement ainsi que 12 000 délégués. Elle a été précédée par le One Ocean Science Congress, une conférence dont Le Point était partenaire, qui a réuni 2 500 scientifiques du monde entier du 3 au 7 juin 2025 et a formulé 10 recommandations aux diplomates qui s’apprêtaient à négocier l’accord de Nice. Le premier baromètre de l’état de santé des océans, nommé Starfish (étoile de mer), a été publié le 8 juin 2025 et sera mis à jour chaque année.