Méditerranée : le prédateur des mers chaudes

 

Conséquence du réchauffement climatique et de celui des océans, un nouveau poisson, prédateur redoutable, a fait son apparition en Mediterranée. Le poisson lion peut avaler jusqu’à 6 fois son poids et se reproduit toute l’année. En Grèce, scientifiques et pêcheurs cherchent des solutions pour s’adapter face à cette prolifération.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Difficile d’imaginer que le long de ces côtes du Péloponnèse, dans ces eaux turquoise, se joue une bataille quotidienne pour les pêcheurs de la petite ville de Néapoli. Ioannis Kapakos pêche ici depuis 20 ans. Mais ces dernières années, quelque chose a changé. Ses filets remontent de plus en plus vides.

Il explique : « Avant, ici, je pêchais jusqu’à 10 à 12 kilos de poissons. Aujourd’hui, la quantité de poissons a diminué d’au moins 50 %. »

L’une des raisons de cet effondrement, la voici : le poisson-lion. Une espèce qui, depuis plus de deux ans, prolifère dans le secteur. Avec ses 18 épines dorsales venimeuses, en Méditerranée, il n’a aucun prédateur, à part l’homme.

Ioannis Kapakos admet : « Il est très beau. Le problème, c’est qu’il mange les œufs de tous les autres poissons. Voilà, il y en a un autre qui arrive. Et tu vois, aujourd’hui, on a pêché une cigale de mer, trois à quatre bons poissons, du mérou, un denté, et le reste, c’est du poisson-lion. On en a un, deux, trois, quatre, cinq, six. »

 

Une espèce qui prolifère à vitesse grand V

 

L’espèce est extrêmement invasive. Caché dans les rochers, le poisson-lion peut manger jusqu’à six fois son poids et se reproduit presque toute l’année. La femelle peut pondre plusieurs milliers d’œufs tous les deux ou trois jours. Son espérance de vie est de 30 ans.

Originaire de l’océan Indien, le poisson-lion évolue normalement dans les mers chaudes. Attiré par l’augmentation de la température de l’eau, il est entré en Méditerranée par le canal de Suez. C’est en Israël qu’il a été aperçu pour la première fois en 1991, puis en 2012 au Liban. Son extension s’est ensuite poursuivie à Chypre en 2014 et c’est désormais dans le sud de la Grèce qu’il prolifère.

 

Une activité en danger

 

Dans le port de Néapoli, toute la communauté des pêcheurs est impactée. Considéré comme dangereux, ici, le poisson-lion ne se vend pas et les dizaines de kilos pêchés chaque jour finissent à la poubelle.

Giorgos Livanos explique : « Si on ne promeut pas ce poisson pour le vendre, moi je vais abandonner mon permis de pêche et faire autre chose. Je ne sais pas, moi, serveur, parce que là, la mer, c’est fini. »

Pour contrer cette invasion, il n’existe qu’une seule solution : le manger. En face de Néapoli, sur l’île d’Elafonissos, une association écologiste tente de créer une filière.

Un cuisinier explique : « Il faut commencer par enlever les épines, les plus dures et les plus dangereuses, car elles font très mal. Et voilà, maintenant ce poisson est inoffensifIls mangent seulement des petits poissons, jeunes, qui n’ont pas encore de métaux lourds dans le corps. Donc, sa chair est vraiment excellente. »

Dès qu’il le peut, ce volontaire italien se rend dans les cuisines des tavernes pour expliquer aux restaurateurs comment préparer le poisson-lion, qui réunit de nombreuses qualités.

 

La France en ligne de mire

 

Aujourd’hui, principalement en Grèce, le poisson-lion remonte inexorablement vers le nord de la Méditerranée, l’une des zones qui se réchauffe le plus rapidement au monde. Sa présence a déjà été signalée en Italie et selon les spécialistes, il ne devrait plus tarder à faire son apparition sur les côtes françaises, d’ici un à trois ans.

Source : France info