L’essor fulgurant de l’aquaculture turque…
27 juin 2025
27 juin 2025
Le long des côtes turques de la mer Noire, une révolution silencieuse est en marche. Des fermes aquacoles géantes produisent désormais des tonnes de truites arc-en-ciel, commercialisées sous l’appellation « saumon turc », qui inondent les marchés internationaux. En quelques années seulement, les exportations ont été multipliées par seize, atteignant près de 80 000 tonnes en 2024.
La Russie, privée de saumon norvégien en raison des sanctions liées à la guerre en Ukraine, absorbe l’essentiel de cette production. Mais d’autres pays comme le Vietnam, le Japon ou l’Allemagne commencent également à s’intéresser à ce produit moins cher que son concurrent scandinave. Les industriels turcs misent sur des arguments qualité, affirmant que leur poisson rivalise en saveur et texture avec le saumon atlantique.
Pourtant, derrière ce succès économique se cachent des défis environnementaux et sociaux. Des études locales révèlent des taux de mortalité alarmants chez les jeunes poissons, parfois supérieurs à 50%, tandis que les pêcheurs traditionnels dénoncent la disparition des espèces sauvages autour des cages d’élevage. Certains ont dû migrer vers d’autres zones de pêche, jusqu’en Afrique de l’Ouest, pour maintenir leur activité.
Malgré ces tensions, le secteur continue de se développer, soutenu par des investissements massifs et une demande mondiale toujours croissante en produits de la mer. Les labels de durabilité, bien que contestés par certains experts, permettent aux producteurs turcs de viser de nouveaux marchés, notamment en Europe. Une course en avant qui pose la question de l’équilibre entre croissance économique et préservation des écosystèmes marins.