« Elle devrait être plus fraîche à cette période », la température de l’eau actuellement en Méditerranée menace la biodiversité marine

 

Alors que le littoral des Bouches-du-Rhône est écrasé par la chaleur, les scientifiques s’inquiètent d’une possible canicule marine. La température de surface de la Méditerranée est au-dessus des normales de saison.

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Pour se rafraîchir quand sévit la canicule, rien de mieux qu’un petit plongeon. Mais sur les plages Marseillaises, la température de l’eau atteint déjà les 25 degrés. Bien au-dessus des normales de la saison. « Elle devrait être plus fraîche à cette période… mais on en profite », estime cette baigneuse rencontrée sur la place de Pointe-Rouge, dans le 8e arrondissement.

Mais des températures trop élevées dans la Méditerranée ont des effets délétères pour la biodiversité marine. Et selon les données du Centre espagnol de recherches maritimes (CEAM), la température moyenne à la surface de la Méditerranée dépasse actuellement les 24 degrés, environ deux degrés au-dessus de la moyenne observée entre 1982 et 2011.

Il faudrait qu’elle s’élève encore pour parler d’une véritable canicule marine. » En profondeur, l’eau reste relativement fraîche, autour de 18 degrés », indique Sandrine Ruitton, chercheuse au Centre méditerranéen d’océanographie. 

 

La crainte de l’hécatombe de 2022

 

Elle espère qu’un bon coup de mistral permettra de rafraîchir la masse d’eau et éviter la canicule sous-marine de l’été 2022. Cette année-là, au large du parc national des Calanques, les plongeurs assistaient, impuissants, à la disparition en masse des gorgones. Ces coraux pourpres et jaunes qui vivent en colonies sur les substrats rocheux, abritent 15 à 20% des espèces connues en Méditerranée.

Très sensibles aux variations de températures, les coraux avaient été exposés à des températures de 24 à 26 degrés, par 10 mètres de fond. Depuis, malgré des températures élevées chaque été, aucune canicule sous-marine n’a été observée, selon Sandrine Ruitton. « Ça a permis à des toutes petites gorgones de se réimplanter. Mais pour qu’elles aient le temps de pousser, il faudra plusieurs années consécutives avec des températures pas trop excessives. »

L’observation de raies mobula près des côtes marseillaises est également un signe d’une poussée de chaleur en méditerranée.

La raie Mobula mobular est la seule cousine de la raie manta en Méditerranée (image d’illustration). • © Franck Dhermain association MIRACETI

« Des espèces comme les raies, mais aussi les méduses, les baracuda ou les girelles paon suivent les courants chauds. Des espèces du sud de la Méditerranée migrent vers les côtes occidentales. Il faut s’attendre à un changement du paysage marin dans les prochaines années  ».

Des organisations comme Greenpeace alertent sur  » la disparition des espèces les plus sensibles caractéristiques de la Méditerranée au profit d’autres espèces mieux adaptées à une mer de plus en plus chaude. »

 

L’espoir des aires marines protégés

 

Selon les scientifiques, les canicules marines sont deux fois plus nombreuses depuis les années 1980. « C’est certain que si on ne prend pas un virage à 180 degrés, le réchauffement va continuer à augmenter. Il faudrait changer notre mode de vie, notre société de production et de consommation, changer nos mobilités… »

Mais Sandrine Ruitton garde tout de même espoir. Plusieurs études démontrent que les aires marines protégées sont moins touchées par la disparition de la biodiversité. Dans le cadre d’un programme scientifique, Atlasea, la chercheuse effectue des prélèvements sur les récifs artificiels de la baie du Prado, immergés à partir de 2017. « On y trouve plein de crustacés et de poissons, c’est positif », se réjouit Sandrine Ruitton.

Source : France 3