Déclaration du Sommet « L’Afrique pour l’Océan »

09 juin 2025, Nice, France

Nous, Chefs d’États et de Gouvernements africains et d’Organisations Internationales partenaires de l’Afrique, réunis à Nice, France, le 09 juin 2025, pour le Sommet « L’Afrique pour l’Océan », à l’invitation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Roi du Maroc, et de Son Excellence M. Emmanuel Macron, Président de la République française dans le cadre de la troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC3, Nice) ;

Conscients que :

  • L’océan est un bien commun vital de l’humanité, indispensable à l’équilibre écologique, au climat, à la sécurité alimentaire et au développement durable ;
  • Les espaces marins et côtiers africains, qui s’étendent sur quatre façades maritimes, l’Atlantique, la Méditerranée, l’Océan Indien et la mer Rouge, recèlent un potentiel stratégique multiple pour l’ensemble du continent ;
  • L’Afrique ne peut rester en marge des enjeux globaux liés à l’océan. Elle doit pleinement saisir les défis et les opportunités que représente cet espace stratégique pour son développement, sa souveraineté et sa prospérité.
  • La dégradation accélérée des écosystèmes marins, l’augmentation rapide de la population côtière, la  surexploitation des ressources, la surpêche, la pollution marine, l’acidification des océans, l’élévation du niveau de la mer et les défis de la sécurité maritime menacent directement l’avenir des populations africaines ;

Réaffirmons :

  • Notre détermination à placer l’Afrique au cœur des réflexions et des décisions mondiales sur la gouvernance durable des océans, pour s’imposer comme un acteur central dans la géopolitique des océans, en valorisant sa position stratégique et son potentiel de coopération régionale et internationale ;
  • Notre engagement collectif et solidaire à faire de l’océan un levier de prospérité partagée, de souveraineté alimentaire et de résilience climatique pour l’Afrique ;
  • Notre volonté d’assurer une gouvernance inclusive et intégrée fondée sur la science, la solidarité, la souveraineté et une coopération Sud-Sud et Nord-Sud active ;
  • Notre attachement à une voix africaine unie et forte sur la question des océans, en particulier aux Messages de la consultation africaine tenue à Tanger le 9 octobre 2024 à l’endroit de la Troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC3)

Nous nous engageons à :

  1. Faire de l’économie bleue un pilier de développement durable, en soutenant les secteurs clés tels que la pêche durable, l’aquaculture responsable, l’écotourisme marin, les énergies renouvelables marines et la biotechnologie bleue ;
  2. Mettre en œuvre des politiques de croissance bleue inclusive, accompagnées de mesures concrètes de protection des moyens de subsistance des communautés côtières et de préservation de la biodiversité marine ;
  3. Renforcer les capacités scientifiques africaines via les technologies numériques, émergentes et l’intelligence artificielle, en favorisant la souveraineté technologique du continent et en promouvant des partenariats entre Etats, institutions académiques, centres de recherche, startups et communautés locales, ainsi que programmes scientifiques comme la mission d’exploration internationale Neptune.
  4. Soutenir les initiatives africaines à caractère océanique en cours, à l’instar de l’Initiative des États Africains Atlantiques, particulièrement à travers ses trois groupes de travail portant sur le dialogue politique et la sécurité, sur l’économie bleue, la connectivité maritime et l’énergie et sur l’environnement et le développement durable
  5. Valoriser les mécanismes financiers africains existants, tels que le Fonds Bleu pour le Bassin du Congo, en tant qu’outil structurant pour la transition écologique, la résilience climatique et la croissance bleue en Afrique ;
  6. Encourager les initiatives visant à faire bénéficier les Etats enclavés d’Afrique du potentiel maritime africain, étant donné que 70% des Etats africains sont côtiers. A cet égard, soutenir l’Initiative de Sa Majesté Mohammed VI, Roi du Maroc, visant à favoriser l’accès des Etats du Sahel à l’Atlantique ;
  7. Développer des aires marines protégées en Afrique, en intégrant les savoirs traditionnels, les communautés locales et les pratiques durables pour atteindre l’objectif du cadre mondial pour la biodiversité Kunming-Montréal (30×30)
  8. Soutenir les initiatives non gouvernementales africaines portant sur les questions océaniques, notamment le Blue Africa Summit, le plan de renforcement des capacités des jeunes africains en océanographie, la plateforme de la jeunesse africaine pour le climat, le Réseau Régional d’Aires Marines Protégées en Afrique de l’Ouest, le Réseau des Héros de l’Océan, la Protection des sites de nidification des tortues de mer, le Réseau national malagasy des Aires Marines Gérées Localement, ainsi que d’autres initiatives africaines pertinentes, y compris les initiatives de lutte contre la pollution plastique telles que la campagne #bharblaplastik, et incluant l’engagement de la société civile africaine active sur les enjeux océaniques dans le système des Nations Unies, comme il convient ;
  9. Accélérer la sécurisation des corridors maritimes africains, via des infrastructures portuaires résilientes, une connectivité accrue, et une coopération régionale contre la piraterie, la pêche illégale et la pollution
  10. Promouvoir une jeunesse africaine actrice d’un changement positif par l’éducation, la formation, l’entrepreneuriat, et l’accès à l’innovation bleue, et garantir la pleine participation des femmes africaines, en reconnaissant leur rôle moteur dans la conservation, la sécurité alimentaire, la recherche et le développement local ;
  11. Mobiliser des financements durables, innovants et équitables, incluant les fonds climatiques, les obligations bleues, les investissements à impact et les partenariats public-privé, pour soutenir les projets maritimes africains portés par les États, les collectivités, la société civile, les jeunes, les femmes et les communautés locales ;
  12. Appeler à la solidarité mondiale effective permettant à l’Afrique un accès équitable aux financements, aux technologies, et aux ressources nécessaires à la réalisation de l’ODD 14 ;
  13. Soutenir et respecter la mise en œuvre des cadres multilatéraux permettant la protection et l’exploitation durable des ressources océaniques tels que le traité des Nations Unies sur la haute-mer, dit BBNJ, le processus de négociation d’un traité pour mettre fin à la pollution plastique, y compris dans l’environnement marin, et le cadre de l’exploration des grands fonds marins au sein de l’Autorité Internationale des Fonds Marins.

Nous appelons nos partenaires internationaux à :

  • Soutenir l’ambition africaine pour une gouvernance équitable et durable de l’océan, fondée sur les principes de solidarité et de la coopération multilatérale renforcée ;
  • Appuyer la mise en œuvre des engagements de cette Déclaration, en consolidant les synergies entre le système des Nations Unies, les institutions régionales notamment européennes, les bailleurs de fonds et acteurs internationaux engagés.

Enfin, nous saluons Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Roi du Maroc, et Son Excellence M. Emmanuel Macron, Président de la République française, pour Leur Leadership Eclairé et Engagement Constant en faveur de l’Afrique et de son océan et pour Leur Co-présidence Visionnaire de ce Sommet.

Adoptée le 9 juin 2025 à Nice, France