Extraction minière: « les abysses ne sont pas à vendre », selon l’ambassadeur Olivier Poivre d’Arvor

 

Les « abysses ne sont pas à vendre » et la haute mer « n’appartient à personne », a déclaré lundi l’ambassadeur français des enjeux maritimes Olivier Poivre d’Arvor, après la décision de Donald Trump d’ouvrir l’extraction de minerais dans les grands fonds océaniques.


« Personne ne peut s’arroger le droit de détruire les océans, surtout ceux sur lesquels ils n’ont aucun droit territorial. C’est l’application stricte du droit international« , a déclaré M. Poivre d’Arvor, au cours d’une conférence de presse en ligne, rappelant la position de la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher. « En appelant à la délivrance des permis d’exploitation en dehors des eaux sous juridiction hors du cadre de l’AIFM (Autorité internationale des fonds marins, ndlr), les États-Unis enfreignent le principe de non-appropriation de la haute mer« , a-t-il ajouté.

Le président américain a signé jeudi un décret remettant en cause l’AIFM, théoriquement compétente en haute mer, mais dont les États-Unis ne sont pas membres. « Les abysses ne sont pas à vendre » et « ne sont pas un eldorado: ce sont d’abord des sanctuaires », a martelé M. Poivre d’Arvor, rappelant que les fonds marins étaient considérés comme le « patrimoine commun de l’humanité » en droit international.  

La France, qui prône l’interdiction d’exploitation des fonds marins, a réuni une coalition de 32 pays favorables à un moratoire, a rappelé l’ambassadeur.

A l’approche du sommet des Nations Unies sur les océans à Nice (du 8 au 13 juin), le président Emmanuel Macron a commandé un rapport scientifique sur l’exploitation des fonds marins, qui a été présenté lundi. Ce rapport, signé par une vingtaine de scientifiques, recommande « un moratoire sur l’exploitation minière en eaux profondes pendant au moins 10 à 15 ans, ou jusqu’à ce que des connaissances suffisantes soient disponibles pour prendre des décisions éclairées ».
« Il est urgent d’attendre, de ne pas y aller tout de suite », a souligné l’auteur du rapport, Bruno David, naturaliste et ancien président du Muséum national d’Histoire Naturelle.

Le rapport pointe que l’activité d’extraction minière « générerait de puissants panaches de sédiments pouvant s’étendre sur des dizaines à des centaines de kilomètres carrés » transportant « des métaux lourds susceptibles d’impacter toute la chaîne alimentaire ». « La science doit guider nos choix », a estimé M. David, fustigeant « une administration à Washington qui est dans le délire ». « Le fait de rejeter les données scientifiques, ça semble être devenu une sorte de nouveau sport outre-Atlantique, (…) certains feraient mieux de se contenter de jouer au golf plutôt que de pratiquer ce nouveau sport », a-t-il ajouté.

Source : outre mers