Des experts appellent à agir rapidement contre la moule quagga
11 avril 2025
11 avril 2025
Pour limiter la propagation de cette espèce invasive dans nos lacs, les chercheurs de l’Eawag misent notamment sur la prévention auprès des propriétaires de bateaux.
Il faut agir rapidement pour éviter que la moule quagga se propage encore plus dans les lacs suisses. C’est en substance le message délivré mardi par les chercheurs de l’Eawag, l’Institut fédéral suisse des sciences et technologies aquatiques. «Pour chaque lac, chaque année où la moule quagga n’est pas détectée est une année de gagnée», souligne Piet Spaak, biologiste et expert du mollusque à l’Eawag.
Il faut dire que cette petite moule, originaire de la mer Noire, se propage tant en Europe qu’en Amérique du Nord. La Suisse vit avec cette espèce invasive qui est apparue pour la première fois en 2014 dans le Rhin. Hic: l’espèce modifie fondamentalement les écosystèmes, ce qui a notamment pour conséquence que les poissons trouvent moins de nourriture. Or, une fois qu’elle s’installe quelque part, la moule est impossible à éradiquer. Et dans les lacs suisses touchés, sa présence pourrait être multipliée par 9 à 20 ces 20-30 prochaines années, selon l’Eawag. Pire: elle bouche les stations de pompage des lacs.
Raison pour laquelle les experts appellent à agir de toute urgence. D’abord en misant sur la prévention à grande échelle auprès des navigateurs. En effet, leur rapport révèle qu’en Suisse, la moule quagga est essentiellement transportée par les bateaux de plaisance. Il faut donc que les propriétaires soient obligés de déclarer et de nettoyer leurs embarcations, insiste l’Eawag. De telles prescriptions ont d’ailleurs déjà été introduites dans quelques cantons alémaniques.
Les experts proposent aussi de protéger les éléments fragiles des conduites transportant l’eau des lacs via des filtres et des échangeurs thermiques, afin d’éviter des dommages irréversibles aux bâtiments et aux installations. L’Eawag recommande en outre de procéder au moins une fois par an à une analyse d’ADN environnemental dans les lacs non contaminés. «Cette démarche permet de déceler précocement une éventuelle colonisation par la moule quagga», explique-t-il.
À noter enfin que l’Eawag, qui a créé ce 1er avril un service spécialisé pour la moule quagga, souhaite aussi «ardemment» une coopération avec les commissions internationales de protection des lacs Léman et Majeur ainsi que de ceux de Constance et de Lugano.