Transport maritime. 33 407 milles et une pointe à 16 nœuds : premier bilan des cargos à voile TOWT
4 avril 2025
4 avril 2025
Démarrée en 2011 avec une traversée de la Manche, l’aventure de TOWT a pris un tournant décisif en 2024. Si la compagnie ambitionne depuis ses débuts de s’appuyer sur sa propre flotte de voilier cargos, ce rêve se concrétise avec la mise en service de ses deux premiers navires, Anemos et Artemis. Un premier exercice qui aura déjà permis de valider le concept, en attendant une suite tout aussi ambitieuse avec la mise à l’eau prévue de six autres cargos d’ici 2027.
L’année 2025 avait mal commencé pour TOWT. En février, l’entreprise apprenait que la nouvelle loi de finance de la sécurité sociale lui ferait perdre une exonération fiscale datant de 2016. Une perte qui ferait augmenter ses charges « d’environ 25 % » selon Guillaume Legrand, dirigeant co-fondateur de la compagnie havraise. Ulcéré, le patron menace alors d’un changement radical : « L’État ne nous laisse aucune option, c’est soit la mort soit quitter le pavillon français. » Il semble avoir été entendu depuis. Interpellé le 1er avril à l’Assemblée nationale, lors des questions au gouvernement, par Agnès Firmin Le Bodo (députée de Seine-Maritime), le gouvernement s’est engagé à revoir le « coup de rabot » sur les exonérations de charges lors du prochain débat budgétaire.
Toutefois, ce combat n’entache pas le bon premier bilan de TOWT, qui après les premières traversées d’Anemos et d’Artemis, semble satisfait de l’efficacité de son modèle. La compagnie maritime basée au Havre, se félicite dans un communiqué avoir « franchi une étape clé vers un transport maritime durable. »
Tout en annonçant quelques chiffres pour cette première campagne, avec notamment 9 voyages effectués, pour plus de 33 407 milles nautiques, des escales dans 5 pays (France, États-Unis, Canada, Colombie et Brésil) et plus de 350 000 produits transportés à la voile (champagne, vin, sachets de café et de thé, mais aussi des boxs Internet et encore d’autres produits). La baisse de la facture de CO2 semble effective, avec une économie de 300 000 kg CO2 annoncée, soit « moins de 2g CO2/t/km, une réduction de plus de 95 % par rapport aux transports conventionnels. »
Ces premières traversées auront également permis à l’armateur de soigner ses perfs. Le record ? 16 jours de traversée entre New York et Le Havre cet hiver pour Artemis (deuxième navire de la flotte), qui a atteint 16 nœuds en vitesse de pointe.
Avec ces premiers succès, TOWT semble décidé à poursuivre son développement et ses investissements. Commandés en avril 2024, 6 navires (Atlantis, Atlas, Archimedes, Asterias, Aries, Athenais) viendront grossir sa flotte d’ici à 2027, ce qui portera la flotte à 8 bateaux.
En 2025, Trans Oceanic Wind Transport espère continuer sur sa lancée au cours d’une année qui s’annonce dense : 28 voyages prévus entre 6 destinations : Le Havre (port d’attache des navires), New York (pour renforcer les échanges transatlantiques), Pointe-à-Pitre (pour avoir un pied aux Antilles), mais aussi le Guatemala, la Colombie et le Brésil, pour ouvrir de nouvelles routes commerciales.
En parallèle, TOWT étudie de nouvelles escales pour 2026 : Mexique, Houston, Québec, Méditerranée (Toulon > Tunis), Fort-de-France. La compagnie cherche également à accroître la performance de ses navires avec la création d’une cellule de routage et l’optimisation de ses moteurs. Enfin, un service de transport de passagers verra le jour, avec 5 cabines disponibles sur la liaison Le Havre – New York.