Climat : nouveaux records et conséquences quasi irréversibles
21 mars 2025
21 mars 2025
Encore une fois, les scientifiques sonnent l’alarme. Hausse des températures sur terre et dans les mers, concentrations de CO2 dans l’atmosphère, montée des eaux… les records s’enchaînent avec des impacts qui pourraient être irréversibles.
« Les signes évidents du changement climatique induit par l’homme ont atteint de nouveaux sommets en 2024, certaines conséquences étant irréversibles sur des centaines, voire des milliers d’années », indique l’Organisation météorologique mondiale (OMM) dans un communiqué à l’occasion de la sortie de son dernier rapport sur le climat, le 19 mars.
Cependant, le chef de l’ONU António Guterres note que « ce rapport montre qu’il est encore possible de limiter l’augmentation de la température mondiale à long terme à 1,5 degré Celsius ». « Les dirigeants doivent prendre des mesures pour y parvenir, en tirant parti des avantages des énergies renouvelables propres et bon marché pour leurs populations et leurs économies, et en élaborant de nouveaux plans nationaux de lutte contre le changement climatique qui doivent être présentés cette année », a-t-il insisté.
La concentration atmosphérique de dioxyde de carbone, de méthane et d’oxyde nitreux, n’a jamais été aussi élevée depuis 800 000 ans. Ces gaz sont responsables de l’effet de serre qui réchauffe la planète.
À l’échelle mondiale, chacune des dix dernières années a été l’une des dix années les plus chaudes jamais enregistrées. Le rapport indique que le réchauffement climatique à long terme est actuellement estimé entre 1,34 et 1,41 °C par rapport au niveau de référence de 1850-1900. En 2024, le réchauffement a été de 1,5 °C.
L’accord de Paris, signé en 2015 préconisait des actions pour maintenir la hausse des températures à moins de 1,5 degrés à la fin du siècle, cette limite est quasi atteinte avec près de 70 ans d’avance.
« Si une seule année de réchauffement supérieur à 1,5 °C ne signifie pas que les objectifs de température à long terme de l’Accord de Paris sont hors de portée, elle constitue un signal d’alarme indiquant que nous augmentons les risques pour nos vies, nos économies et la planète », précise la Secrétaire générale de l’OMM, Celeste Saulo.
« Les données pour 2024 montrent que nos océans ont continué à se réchauffer et que le niveau des mers a continué à augmenter », a indiqué Céleste Saulo. Chacune des huit dernières années a établi un nouveau record de température des océans. En 2024, le contenu thermique des océans atteindra son niveau le plus élevé depuis 65 ans. Le réchauffement s’accélère.
En effet le taux de réchauffement des océans au cours des deux dernières décennies (2005-2024) est plus de deux fois supérieur à celui de la période 1960-2005.
Le taux d’élévation du niveau de la mer a doublé depuis le début des mesures par satellite. Entre 2015 et 2024, la hausse du niveau des mers a été de 4,7 mm par an, soit près de 5 cm en 10 ans. La hausse était de 2,1 mm par an entre 1993 et 2002.
L’élévation du niveau de la mer a des conséquences en cascade sur les écosystèmes et les infrastructures côtières, auxquelles s’ajoutent les inondations et la contamination des eaux souterraines par l’eau salée.
« Les parties gelées de la surface de la Terre, connues sous le nom de cryosphère, fondent à un rythme alarmant : les glaciers continuent de reculer et la glace de mer de l’Antarctique a atteint sa deuxième plus faible étendue jamais enregistrée », a-t-elle ajouté.
La masse des glaciers ne cesse de diminuer. Les pertes les plus importantes enregistrées l’an dernier ont été en Norvège, en Suède, au Svalbard et dans les Andes tropicales.
Les cyclones tropicaux, les inondations, les sécheresses et autres aléas survenus en 2024 ont entraîné le plus grand nombre de nouveaux déplacements enregistrés au cours des 16 dernières années.
Ils ont détruit des habitations, des infrastructures essentielles, des forêts, des terres agricoles et la biodiversité.
Les cyclones tropicaux, comme Chido qui a ravagé l’île française de Mayotte en décembre dernier, ont été à l’origine d’un grand nombre d’événements à fort impact en 2024 ; ils ont contribué à l’aggravation des crises alimentaires et causé des pertes économiques massives.
Face à cette situation, l’OMM et la communauté internationale redoublent d’efforts pour renforcer les systèmes d’alerte précoce et les services climatologiques afin d’aider les décideurs et la société dans son ensemble à mieux résister aux phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes.
« Nous progressons, mais nous devons aller plus loin et plus vite. Seule la moitié des pays du monde dispose de systèmes d’alerte précoce adéquats. Cela doit changer », a déclaré Céleste Saulo.