Plus de 400 tortues de mer mortes se sont échouées sur les côtes indiennes, une première depuis vingt ans

 

Le dernier événement de cette ampleur a eu lieu il y a plus de vingt ans en Inde. Au cours des deux dernières semaines, 400 tortues olivâtres, une espèce en voie d’extinction, ont été retrouvées mortes, échouées près de la ville de Chennai, sur la côte est du pays.

Habituellement, la ville recense sur son littoral la mort d’entre 100 et 200 tortues adultes par an. La moyenne risque d’exploser en 2025 puisque «cette année, nous avons déjà dépassé les 200 tortues mortes en un peu plus de deux semaines», expose Shravan Krishnan, un bénévole du Students Sea Turtles Conservation Network («réseau étudiant de conservation des tortues marines» en français) basé à Chennai.

Comment ces tortues ont-elles péri? Probablement noyées dans les filets de pêche géants installés au fond de l’océan, rapportent les experts. D’après Shantanu Kalambi, spécialiste vétérinaire marin auprès de l’organisation de conservation ReefWatch, les tortues, une fois capturées par les chalutiers, ne peuvent plus émerger pour respirer.

Des mesures sont pourtant en vigueur pour éviter ce phénomène. Une ordonnance gouvernementale a notamment été appliquée en 2016 pour empêcher la pose de filets géants à moins de cinq milles nautiques (9,26 kilomètres) du littoral pendant la période de nidification des tortues. A également été rendue obligatoire l’utilisation de dispositifs d’exclusion des tortues, permettant aux reptiles de s’échapper des filets. Ce dispositif n’aurait cependant jamais été adopté par les pêcheurs, car il réduirait le nombre de leurs prises.

 

La reproduction des tortues, indispensable et de plus en plus difficile

 

Un autre signe qui pourrait expliquer l’hécatombe est la baisse du nombre de nids sur les plages indiennes. Dans la ville de Chennai, «nous n’avons trouvé que quatre nids jusqu’à présent», affirme Shravan Krishnan auprès d’AP News. Ce chiffre, étonnamment bas, que le local qualifie de «très inquiétant», pourrait être lié à plusieurs éléments: l’intensification de l’activité humaine sur les littoraux, la pollution lumineuse qui désorienterait les bébés tortues et l’augmentation des moyennes de température.

Chaque année, 500.000 tortues pondent sur les plages indiennes. On estime qu’environ seule une sur 1.000 vivra jusqu’à l’âge adulte et pourra se reproduire à son tour.

Selon Shantanu Kalambi, la disparition des tortues marines aurait des conséquences écologiques graves: «En tant qu’espèce […], elles jouent un rôle essentiel dans la chaîne alimentaire.» L’une des principales sources de nourriture de l’olivâtre étant la méduse, ces dernières risqueraient de se multiplier si la tortue venait à s’éteindre, profitant de l’absence de son prédateur. Une prolifération qui pourrait mettre à mal l’équilibre marin et avoir des conséquences néfastes sur son écosystème.

Source : Slate