Plastic At Sea se prépare à inaugurer son nouveau laboratoire
23 janvier 2025
23 janvier 2025
Economie bleue. La société spécialisée dans l’étude de la biodégradabilité des plastiques se prépare à inaugurer son tout nouveau laboratoire à Banyuls-sur-Mer. L’entreprise cofondée par Leïla Meistertzheim travaille à la création d’un pôle dédié à l’économie bleue
« Cela constitue le premier site du pôle de biotechnologie bleue » affirme Leïla Meistertzheim en présentant le tout nouveau laboratoire de sa société Plastic At Sea (anciennement Plastic@sea, jugé parfois difficile à prononcer). Ce nouveau laboratoire de 150 m2 a trouvé place sur le port, s’intégrant discrètement juste devant le laboratoire océanographique. Il a été réalisé en prenant en compte toutes les contraintes environnementales. Ainsi, l’eau de mer prélevée pour effectuer les tests de biodégradabilité des plastiques, la raison d’être de l’entreprise, est rejetée après une importante filtration dans la mer plus propre qu’elle n’est rentrée. Le laboratoire offre plusieurs salles de travail distinctes et des pièces permettant de suivre dans le temps les expériences. Construit par la commune de Banyuls pour 380 000 €et loué à l’entreprise, en cours d’aménagement actuellement, il devrait être inauguré en février prochain, après plus d’un an de chantier. Le site pourra aussi accueillir d’autres chercheurs et d’autres entreprises qui pourront utiliser les plateaux techniques en suivant les protocoles vétérinaires. Ce nouveau site qui va représenter également 380 000€ pour l’entreprise va lui permettre de doubler sa surface de recherche. Plastic At Sea pourra aussi libérer les deux laboratoires abrités encore dans l’incubateur du laboratoire océanographique.
Ce développement atteste de l’importance et de l’intérêt des recherches effectuées par Plastic At Sea. Tester les matériaux et leur biodégradabilité permet en effet de faire des choix importants pour le futur. 95 % des clients de l’entreprise sont des acteurs privés qui demandent principalement des études sur la biodégradabilité et la toxicité de matières. Pour les 5 % restant, il s’agit de collectivités locales, plus intéressées par la quantification de la pollution plastique. Les travaux de Plastic At Sea permettent aussi de remettre en question quelques idées reçues. « La priorité, c’est de bannir tous les plastiques à usage unique qui ont des effets destructeurs sur l’environnement et sur l’espèce humaine. On en ingère, on en a dans le sang, le cerveau, le placenta. Pour les matériaux durables, il y a aujourd’hui du plastique biosourcé qui peut durer très longtemps. Mais le biosourcé n’est pas toujours bon. L’origine naturelle ou non du plastique n’ont rien à voir avec sa fin, c’est la manière de le fabriquer chimiquement qui fait qu’il sera biodégradable. Il ne faut pas surréagir. Le métal peut avoir en termes de biodégradation plus d’impacts que des plastiques conventionnels. En mer, les plastiques immergés ont parfois moins d’impact que les métaux. C’est contre-intuitif. » D’après la chercheuse, la biodégradabilité des matériaux en mer est la même que celle observée sur la terre. Mais l’inverse n’est pas vrai. La biodégradabilité d’un matériau sur la terre est différente de celle constatée en mer. « La chose importante, ce n’est pas le recyclage des plastiques, c’est leur biodégradabilité, » assure-t-elle. « La moitié des plastiques collectés pour être recyclés sont perdus. Des villes ont compris cela en mettant en place des poubelles par biodégradabilité. » D’où l’intérêt des recherches dans le domaine. Plastic At Sea emploie actuellement 15 ETP et va recruter cette année trois personnes. L’entreprise réalise en 2024 1 M€ de CA, un chiffre en progression de 28 % par rapport à l’année précédente.
Plastic At Sea qui est à l’origine du salon de l’économie bleu, le Blue Tech Show, continue à travailler sur la création d’un pôle local sur cette économie. « Il faut ouvrir la recherche sur l’économie et l’entreprise, affirme Leila Meistertzheim. Il est toujours prévu dans le cadre de ce pôle de créer un laboratoire, un hôtel d’entreprise à Banyuls, à l’espace Bartissol. Ce pôle peut avoir aussi un site à Canet pour le nautisme, un autre à Argelès sur d’autres thématiques. Il faut s’inscrire dans un projet de territoire, créer un pôle avec plusieurs entreprises de biotechnologie bleue avec une plateforme qui rassemble des sociétés privées, avec mutualisation des moyens techniques du labo ou des sites. Il faut trouver des moyens pour développer les sciences appliquées. On ne peut pas attendre, on a le couteau sous la gorge en termes de sauvegarde de la biodiversité. »