Le réchauffement climatique s’emballe en Arctique
20 décembre 2024
20 décembre 2024
Continent froid par définition, l’Arctique est pourtant la région du monde qui se réchauffe le plus rapidement. Une récente étude montre un emballement inquiétant, notamment lié au dioxyde de carbone.
La NOAA (Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique) a publié un rapport inquiétant concernant l’Arctique, indiquant que le Pôle Nord est désormais émetteur de CO2. Plus concrètement, la situation s’est récemment inversée et l’Arctique rejette désormais plus de dioxyde de carbone qu’il n’en stocke. Comme le montre la carte ci-dessous, de très nombreuses zones (en violet) sont désormais émettrices de CO2 et les zones qui le stockent ne parviennent désormais plus à compenser les émissions.
Zones absorbant (en vert) et émettant (en violet) du CO2 en Arctique – NOAA
Cette tendance inquiétante s’explique par plusieurs facteurs. La NOAA indique que la fonte du permafrost, ces sols en permanence gelés et qui renferment d’importantes quantités de gaz à effet de serre, a tendance à s’accélérer sur les zones littorales de l’Arctique. C’est notamment le cas au niveau de la Mer de Beaufort, au nord de l’Alaska, où la toundra s’érode sur le littoral et expose directement le permafrost, dont la fonte s’est accélérée au cours des dernières années, libérant du CO2 et du méthane dans l’atmosphère.
La toundra s’érode et expose le permafrost à la mer de Beaufort en Alaska – Craig McCaa via NOAA
Par ailleurs, l’augmentation de la température globale engendre une croissance de la végétation dans les régions arctiques. Si cela peut apparaître comme une bonne nouvelle au premier abord, ce n’est pas forcément le cas. En effet, cette croissance de la végétation augmente considérablement le risque d’incendies avec des surfaces susceptibles de brûler de plus en plus importantes. Ces dernières années, on a noté une augmentation considérable des incendies en Arctique, lesquels ont rejeté des quantités colossales de CO2 dans l’atmosphère.
Depuis 2019, le nombre d’incendies a explosé en Sibérie – photo Greenpeace
C’est un fait désormais clairement établi : le Pôle Nord est la zone terrestre qui se réchauffe le plus vite. La donne s’est particulièrement accentuée depuis une décennie. En Arctique, les 9 années les plus chaudes sont les 9 dernières. Certaines zones d’Arctique se réchauffent 4 fois plus vite que le reste de la planète ! En Sibérie, certains secteurs voient la température moyenne augmenter de 1,5°C chaque décennie, des chiffres astronomiques et qui laissent craindre un emballement, entre fonte du permafrost et incendies toujours plus nombreux…
Évolution de la température et de la concentration en glace par décade en Arctique – via Nature
Si le réchauffement climatique concerne l’ensemble de la planète, tous les modèles s’accordent sur la poursuite de la tendance actuelle concernant l’Arctique. Alors que le monde devrait enregistrer une hausse de la température moyenne de +2 à +3°C d’ici à la fin du siècle, les simulations s’attendent plutôt à une augmentation de l’ordre de +5 à +7°C dans les hautes latitudes de l’hémisphère. Cela risque de bouleverser des écosystèmes entiers et la question d’un emballement climatique est plus que jamais sur la table.
Augmentation de la température prévue entre le début et la fin du XXIème siècle – via researchgate.net
Le permafrost et son avenir sont un enjeu majeur du climat futur. Ces sols constamment gelés couvre environ 25% des terres de l’hémisphère nord, aux hautes latitudes. Or, on sait que le permafrost renferme des quantités très importantes de CO2 ou de méthane, puissants gaz à effet de serre. Selon des estimations, près de 1.500 milliards de tonnes de gaz à effet de serre se trouvent emprisonnés dans ces sols gelés. À l’avenir, des quantités majeures de ces gaz risquent d’être libérées dans l’atmosphère. Cela pourrait engendrer un cercle vicieux et un possible emballement climatique.
Zones de permafrost dans l’hémisphère nord – infographie AFP
Outre les conséquences sur le climat, la fonte du permafrost représente également une menace sanitaire. En effet, de nombreux virus très anciens sont enfermés dans les sols gelés depuis des milliers d’années. Une fonte de ces derniers est susceptible de libérer des virus face auxquels l’homme ou les animaux ne sont pas armés. En 2016, un enfant est mort de l’anthrax (maladie du charbon) en Sibérie. Cette maladie avait pourtant disparu il y a plus de 70 ans mais le dégel d’un cadavre de renne mort de l’anthrax au siècle dernier a permis à la bactérie de contaminer des troupeaux et plusieurs hommes. Le risque est de voir d’autres virus ou bactéries, plus mortels, prendre le même chemin à l’avenir.