Le DG par intérim de l’APAL, Mehdi Ben Haj parle de l’érosion côtière : « On paie le prix fort de l’inaction »
6 décembre 2024
6 décembre 2024
Le Directeur général par intérim de l’Agence de protection et d’aménagement du littoral (APAL), Mehdi Ben Haj, a dressé un constat préoccupant quant à l’impact du changement climatique sur les côtes tunisiennes.
Lors de son intervention dans un panel consacré aux défis climatiques pour le tourisme en Méditerranée, tenu dans le cadre de la 26e édition du Forum international de Réalités les 27, 28 et 29 novembre à Alhambra Yasmine Hammamet, Ben Haj a révélé que la Tunisie est actuellement classée au premier rang en Méditerranée en termes d’érosion côtière, selon le dernier rapport de la Banque mondiale. Il a attribué cette situation alarmante à l’inaction et à l’absence de mesures immédiates et efficaces.
S’agissant des dangers écologiques menaçant le littoral tunisien, Ben Haj, qui vient de prononcer un discours lors du Side Event « Vulnérabilité et adaptation du littoral tunisien à une élévation accélérée du niveau de la mer », organisé dans le cadre de la participation de la Tunisie à la 29ème Conférence annuelle des Nations Unies sur les changements climatiques COP29, tenue à Bakou, en Azerbaïdjan, n’a pas mâché ses mots : « Nous sommes en train de perdre nos atouts touristiques. » Il a également mis en garde contre un phénomène encore plus préoccupant : l’élévation accélérée du niveau de la mer, qui entraînera une disparition progressive des plages. Selon ses explications, la Tunisie fait face à un phénomène combiné d’érosion côtière et de montée des eaux.
Il a insisté sur l’urgence d’intervenir rapidement pour éviter de commettre des erreurs similaires à celles du passé, soulignant que le coût de l’inaction serait exorbitant. Parmi les conséquences possibles, il a cité : le recul du trait de côte, la destruction d’écosystèmes côtiers, perte de patrimoine culturel et historique, des infrastructures, des habitations et des zones d’activité économique, disparition de territoires insulaires de faible altitude, intrusion d’eau salée dans les aquifères d’eau douce proches des côtes, etc.
L’orateur a rappelé dans ce contexte que 232 km du littoral tunisien sont actuellement en érosion grave après l’intervention entreprise et qui a permis à la réhabilitation d’environ seulement 19% du total du littoral touché par ‘ce phénomène.
Pistes et solutions
Se référant au chapitre 4 du Rapport climat et développement, Ben Haj a mis en relief différents types de solutions pour lutter contre le danger qui guette les côtes dans le monde.
La première de ces solutions est d’avancer sur la mer et ce, à travers la remise en état ou la création de nouvelles terres au-dessus du niveau de la mer en construisant vers la mer, réduisant ainsi les risques côtiers pour l’arrière-pays et les terres nouvellement surélevées. La deuxième consiste à protéger le littoral à travers la mise en place des ouvrages de défense. La troisième solution opte pour le recul vers l’intérieur et pour la mise en œuvre des protections réduisant les risques et les impacts côtiers en bloquant la propagation des eaux vers l’intérieur des terres dû à l’élévation de niveau de la mer.
La dernière solution est basée sur l’adaptation stipulant « une conservation ou restauration des écosystèmes côtiers qui protègent le littoral en atténuant les vagues par agissement comme des obstacles et en fournissant un espace de rétention, en élevant l’altitude et en réduisant les taux d’érosion grâce au piégeage et à la stabilisation des sédiments côtiers ».