Croisière : quel est l’impact économique pour Marseille ?

 

Le Blue Maritime Summit 2024 s’est penché sur les enjeux de la décarbonation et la modernisation des infrastructures portuaires, avec des investissements ambitieux à la clé.

Réunis au Blue Maritime Summit 2024, les experts et acteurs du secteur maritime ont abordé les défis et solutions liés à la transition énergétique.

Les discussions ont porté sur la modernisation des ports, l’adoption de carburants alternatifs et les investissements nécessaires pour réduire l’impact environnemental du transport maritime.

Avec des projets comme celui du port de Marseille, le sommet a mis en avant des initiatives ambitieuses pour atteindre les objectifs environnementaux à l’horizon 2030.

 

Des infrastructures portuaires au cœur de la transition

 

Les ports européens jouent un rôle clé dans la transition énergétique. Le port de Marseille a présenté son plan ambitieux d’investissement de 150 millions d’euros d’ici 2030. Ce budget servira notamment à l’électrification des quais, permettant aux navires de se connecter au réseau électrique et d’éliminer leurs émissions lors des escales. Ce projet s’inscrit dans le programme « Escale Zéro Fumée », déjà en cours d’expérimentation.

Ces efforts s’inscrivent dans une tendance globale de modernisation des infrastructures portuaires européennes. Les discussions ont également mis en lumière la nécessité de standardiser ces solutions dans d’autres grands ports afin d’atteindre les objectifs de réduction des émissions définis par l’Union européenne.
 

Carburants alternatifs : une voie vers la décarbonation

 

La question des carburants alternatifs a occupé une place centrale dans les débats. Parmi les solutions étudiées, le gaz naturel liquéfié (GNL) a été identifié comme un carburant transitoire permettant une réduction significative des émissions de CO2. Cependant, des technologies comme l’hydrogène ou le méthanol, qui représentent des options à long terme, impliquent des défis majeurs en termes de coûts et d’infrastructure.

Les intervenants ont évoqué des projets pilotes financés par l’Union européenne, à hauteur de plusieurs dizaines de millions d’euros, pour tester ces carburants sur des navires de nouvelle génération. Ces initiatives visent à réduire l’impact environnemental tout en maintenant la compétitivité du secteur maritime européen sur la scène internationale.
 

Etude d’impact de la croisière à Marseille : présentation au Blue Maritime Summit

 

Présentation de l'étude d'impact sur Marseille par Oxford Economics en partenariat avec la CLIA - Photo CE
Présentation de l’étude d’impact sur Marseille par Oxford Economics en partenariat avec la CLIA – Photo CE
 
Le secteur de la croisière n’a pas raté ce rendez-vous. À l’échelle mondiale, ce secteur génère 140 milliards de dollars de retombées économiques et soutient 1,2 million d’emplois. En France, les retombées atteignent 7,7 milliards d’euros, avec environ 38 000 emplois. Ce dernier chiffre intègre aussi la construction et la maintenance navales à Saint-Nazaire et Marseille.

Sur le plan économique, une étude d’impact à l’échelle locale a été réalisée par Oxford Economics en partenariat avec CLIA (** Voir méthodologie en encadré).

« Ce qui nous manquait, et c’est ce que nous avons voulu faire avec cette étude, c’est aller à un échelon encore inférieur au niveau local, pour bien comprendre, pas seulement les retombées économiques, mais aussi comprendre la ramification que notre secteur croisière a avec le tissu économique local », explique Samuel Maubanc, directeur général de CLIA Europe.

L’enquête a été menée sur 10 ports dans le monde dont 5 européens. Parmi eux : Marseille. Et les premiers résultats ont été présentés lors du Blue Maritime Summit qui se tenait justement dans la Cité phocéenne.

À l’échelle locale, à Marseille, la dépense moyenne pour les passagers en transit atteint 121 € par groupe et 57 € par personne pour un temps moyen passé à Marseille de 4,7 heures.

Concernant la nature des dépenses, 69 % de ces passagers en transit vont au restaurant, 52% vont effectuer des achats, 38% vont visiter les lieux d’intérêt, musées ou autres, et 21% effectuent des visites guidées pour un montant de près de 30 euros.

Pour les passagers embarquant et débarquant, la dépense moyenne s’établit à 173€ par groupe et à 78 € par personne. 28% de ces passagers passent au moins une nuit (dans 75% des cas à l’hôtel). Pour ce seul groupe, les dépensent atteignent 383 euros par groupe, soit 171 euros par personne. Pour les passagers embarquant à la journée, la dépense par groupe atteint 90 euros et 41 euros par personne.

A noter également la dépense moyenne par membre d’équipage qui est de 79 euros par personne, à travers la restauration (67%) et les achats dits divers (43%).

Ces dépenses bénéficient directement à l’économie locale, selon l’étude. 70% des entreprises locales interrogées mise sur une hausse de leur chiffre d’affaires dans les 5 prochaines années. Elles estiment que le chiffre d’affaires moyen lié à la croisière se situe entre 45 et 49% de leur revenu sur ces 3 dernières années et l’année prochaine. Enfin, 77% indique que la croisière, est un secteur important. « Quand il y a des croisiéristes ils voient leur activité augmenter » résume Christian Savelli, Directeur Cruise Analytics de Tourism Economics.

Autres enseignements : les passagers en tête de ligne sont majoritaires français (80%), en revanche sur les passagers en transit, c’est la nationalité italienne qui domine suivis des Allemands et des Espagnols.

Une autre étude a été menée sur le plan environnemental en collaboration avec le CITEPA et s’est concentrée sur les bassins Est et Ouest du port de Marseille – Fos ainsi que sur divers trafics, comme les navires rouliers et porte-conteneurs. Trois années de référence ont été examinées : 2015, avant la mise en place des premières mesures environnementales ; 2022, pour évaluer l’impact des initiatives en cours ; et 2035, pour anticiper les effets des technologies et infrastructures futures.

Les résultats montrent des réductions significatives des émissions grâce aux investissements portuaires, estimés à 150 millions d’euros. Par exemple, le raccordement électrique des navires devrait entraîner une diminution de 80 % des oxydes de soufre, de 75 % des particules fines et de 60 % des oxydes d’azote d’ici 2035. Les gaz à effet de serre, quant à eux, devraient baisser de 50 %. Ces efforts conjoints soulignent la complémentarité des impacts économiques et environnementaux, consolidant le rôle stratégique du port de Marseille dans le développement durable.
 

Le rôle clé du port de Marseille

 

Le port de Marseille a l’ambition de devenir un exemple de résilience et d’innovation. Avec son investissement et son 3e rattachement électrique prévu pour 2029, le port vise à devenir un modèle pour d’autres ports européens. La mise en place de l’électrification des quais permettra à tous les navires d’éliminer leurs émissions à quai d’ici 2030.

Cette ambition s’inscrit dans une stratégie plus large visant à positionner le port comme un leader de la transition énergétique en Méditerranée. Les experts présents ont également souligné que des collaborations internationales seront nécessaires pour maximiser l’impact des initiatives locales et standardiser les bonnes pratiques à l’échelle globale.
 

Stop Croisières s’est invitée au Blue Maritime Summit

 

L'association Stop Croisières s'est invitée sur la scène du Blue Maritime Summit - Photo CE
L’association Stop Croisières s’est invitée sur la scène du Blue Maritime Summit – Photo CE
Les organisateurs s’y attendaient.

L’association Stop Croisières s’est invité sur la scène du Blue Maritime Summit pendant le débat sur la flotte du futur qui évoquait notamment le sujet de la décarbonation des croisières et du transport maritime.

Une des représentantes de l’association a pris pendant une minute la parole pour dénoncer l’impact de la croisière sur l’environnement. Les adhérents de Stop Croisières ont été ensuite reconduits à l’extérieur de l’amphithéâtre.