Plastique : le Maroc entre deals internationaux et défis locaux
29 novembre 2024
29 novembre 2024
Jusqu’au 1ᵉʳ décembre 2024, les représentants de 175 pays sont réunis à Busan, en Corée du Sud, pour finaliser un traité mondial visant à éradiquer la pollution plastique. Cette initiative, lancée lors de la cinquième Assemblée des Nations unies pour l’environnement en 2022, ambitionne de créer un cadre juridiquement contraignant couvrant l’ensemble du cycle de vie des plastiques, de leur production à leur élimination.
La crise de la pollution plastique dépasse largement les frontières nationales. Avec plus de 400 millions de tonnes de plastique produites chaque année à travers le monde, et seulement 9 % recyclées selon l’ONU, les océans et les écosystèmes terrestres sont devenus des décharges à ciel ouvert. Le Maroc, malgré ses efforts, reste l’un des pays confrontés à ce problème croissant. En participant aux discussions à Busan, le Royaume prend conscience de l’urgence d’intégrer des solutions globales dans ses politiques nationales.
Le Maroc, acteur engagé dans la lutte contre la pollution plastique, participe activement à ces négociations, reflétant sa volonté de contribuer à une solution globale à cette crise environnementale. La délégation marocaine présente à Busan témoigne de l’engagement du Royaume à collaborer avec la communauté internationale pour élaborer des solutions durables face à la pollution plastique.
En s’associant à cette initiative, le Maroc réaffirme son ambition de renforcer ses politiques environnementales et de s’aligner sur les standards internationaux en matière de gestion des déchets plastiques.
En 2016, le Maroc a lancé l’opération « Zéro Mika » avec l’adoption de la loi n°77-15, interdisant la fabrication, l’importation, l’exportation, la commercialisation et l’utilisation des sacs en plastique. Cette initiative visait à réduire la pollution plastique et à promouvoir des alternatives durables.
Cependant, huit ans après sa mise en œuvre, le bilan reste bien contrasté. Bien qu’ambitieuse et porteuse d’une vision écologique forte, elle a été confrontée à de nombreux obstacles qui en ont limité l’impact. Parmi les principaux freins à sa mise en œuvre, le manque de sensibilisation a joué un rôle majeur. Une partie significative de la population n’a pas pleinement intégré cette transition, en raison d’un déficit d’information ou par habitude de consommation bien ancrée.
Du coup et malgré des efforts notables, les sacs en plastique continuent d’être largement utilisés, notamment dans les marchés urbains et ruraux. Des rapports indiquent que des unités clandestines de production persistent, alimentant un marché parallèle difficile à éradiquer. De plus, les alternatives proposées, telles que les sacs réutilisables, n’ont pas toujours rencontré le succès escompté, en raison de leur coût plus élevé et de leur disponibilité limitée.
En outre, les contrôles, bien qu’existants, n’ont pas été assez rigoureux pour dissuader les contrevenants. Les réseaux clandestins de production de sacs en plastique ont prospéré dans l’ombre, alimentant un marché parallèle difficile à éradiquer.
Face à ces défis, le Maroc s’oriente vers une stratégie renforcée, cherchant à surmonter les écueils passés. Un des leviers envisagés est l’intensification des contrôles, avec des inspections plus fréquentes et ciblées pour démanteler les circuits clandestins et appliquer des sanctions dissuasives. Une sensibilisation accrue de la population est également indispensable : des campagnes de communication plus percutantes pourraient informer sur les dangers environnementaux de la pollution plastique et mettre en avant les avantages des alternatives.
Parallèlement, le développement et la promotion d’alternatives locales réutilisables. Comme les sacs en tissu ou biodégradables, accompagnés de subventions pour en réduire le coût, doivent être au cœur des priorités. Enfin, le renforcement des partenariats avec des organisations internationales apporterait un appui technique et financier crucial pour soutenir ces efforts et intégrer des solutions innovantes adaptées au contexte marocain.
Si les intentions sont louables, la mise en œuvre effective nécessite une approche holistique, combinant législation, sensibilisation, alternatives viables et coopération internationale. Le chemin vers un Maroc sans plastique est semé, certes, d’embûches, mais avec une volonté politique affirmée et une mobilisation de tous, il est possible de transformer cette ambition en réalité.
L’initiative « Zéro Mika » pourrait, malgré ses limites, servir de base pour d’autres politiques environnementales. Si des ajustements sont nécessaires, notamment en matière de contrôle et de promotion des alternatives, cette démarche a permis de poser les jalons d’une gestion plus responsable des déchets au Maroc. La prochaine étape pourrait être l’intégration d’une politique circulaire axée sur le recyclage, où les déchets plastiques deviennent une ressource économique.
Au-delà des politiques publiques, le succès d’une telle transformation repose sur la mobilisation de tous les acteurs : citoyens, entreprises et institutions. Les consommateurs, par leurs choix quotidiens, jouent un rôle clé dans la réduction de la demande en plastique.