Incroyable, un projet de réoxygéner la mer Baltique se dévoile

 

Flexens, Lhyfe et l’Université de Stockholm livrent les conclusions du projet BOxHy visant à évaluer la faisabilité d’injecter de l’oxygène issu de la production d’hydrogène par électrolyse de l’eau pour lutter contre « l’asphyxie » de la mer Baltique. Le projet pilote d’injection coordonné par Lhyfe sera annoncé ainsi dans les prochains mois.  

Ses conclusions dessinent les contours du projet pilote d’injection d’oxygène en mer « BOxIn », qui sera annoncé d’ici quelques mois et devrait durer environ 6 ans. Les partenaires saluent par ailleurs l’essor de l’intérêt des scientifiques, des industriels et des institutionnels pour cette problématique majeure de « l’asphyxie » (désoxygénation) des océans et pour l’option de la réoxygénation, avec l’exemple marquant des Nations Unies qui ont approuvé ce projet dans le cadre de la Décennie des Nations Unies pour l’océanologie au service du développement durable 2021-2030 (Décennie de l’Océan) jusqu’en octobre 2024.

La « désoxygénation » des océans est un phénomène global croissant, qui a un impact sur l’humanité, et contre lequel certains acteurs cherchent à lutter de façon régionale et proactive

En effet, tout autour du globe, depuis les années 1950, les océans perdent de l’oxygène.

En cause, le réchauffement climatique et la pollution des eaux. D’une part, le réchauffement climatique augmente la température de l’eau en surface, modifiant ainsi la concentration d’oxygène dans l’eau, la stratification et les courants marins (leurs routes et leurs propriétés). D’autre part, les substances nutritives déversées en masse dans l’environnement côtier par le ruissellement terrestre (notamment via les engrais ou les eaux usées) génèrent une prolifération excessive des algues. Les bactéries chargées de les décomposer respirant de l’oxygène, plus les algues augmentent, plus les bactéries consomment d’oxygène : c’est l’eutrophisation.

Quand il y n’y a plus assez d’oxygène, les bactéries commencent à émettre de nouvelles substances, comme le phosphore stocké dans le sédiment, qui contribue à nourrir de nouvelles algues. Ce cercle vicieux appauvrit la teneur en oxygène, qui n’est plus assez suffisant pour maintenir la vie sous-marine.

Or l’oxygène est nécessaire à cette vie sous-marine, notamment aux poissons qui nous nourrissent.  

En plus de rappeler l’urgence de limiter drastiquement les émissions de CO2 et la pollution des cours d’eau pour enrayer ce phénomène, Lhyfe, Flexens et l’Université de Stockholm soulignent l’importance d’explorer, en parallèle, la possibilité de l’inverser. Parmi les solutions possibles, la réinjection d’oxygène dans ces régions de mers mortes est désormais à l’étude.

Ce projet visant la réoxygénation des océans grâce à la production d’hydrogène en mer est ambitieux : profiter des futurs sites de production d’hydrogène offshore construits par la société française Lhyfe à proximité de parcs éoliens offshore pour rendre un service à l’environnement.

Lhyfe bâtit en effet des sites à terre mais aussi en mer (par exemple le projet HOPE prévu pour 2026). Lors de la production d’hydrogène par électrolyse de l’eau, la molécule d’eau est séparée en deux, permettant d’obtenir de l’hydrogène et de l’oxygène. L’industriel propose de mettre cet oxygène à disposition de l’océan.

L’enjeu est de taille : les travaux sur la réoxygénation doivent être menés avec une méthodologie scrupuleusement stratégique et scientifique et sur le temps long, au risque de déséquilibrer encore davantage les écosystèmes, c’est pourquoi le projet BOxHy a été mené par un consortium composé d’industriels et de scientifiques, de façon collaborative.

 

Une méthodologie scientifique pour définir les contours d’un pilote d’injection d’oxygène

 

Le rapport publié par Flexens, Lhyfe et l’Université de Stockholm détaille les résultats du projet BOxHy, qui a consisté à évaluer la faisabilité de l’injection d’oxygène pour lutter contre l’hypoxie et l’anoxie dans la mer Baltique, évaluer les emplacements côtiers adéquats pour la mise en place du projet pilote à petite échelle, et définir dans quelles quantités, à quelle profondeur, comment procéder, etc.

Grâce à une enquête scientifique détaillée, 19 sites côtiers de la mer Baltique ont été étudiés et 3 ont été identifiés comme pouvant potentiellement accueillir un projet pilote d’injection d’oxygène pur. Une dizaine de critères ont été pris en compte pour sélectionner ces sites : présence d’anoxie, programme d’observation préexistant, possibilité d’installer l’infrastructure du pilote, bathymétrie de haute résolution existante (mesure des profondeurs marines), évaluation de la situation socio-économique locale, réglementation, présence humaine, accessibilité du site, etc.

Ce pilote devrait avoir une durée d’environ 6 ans afin de disposer de mesures de référence préalables, d’injecter de l’oxygène pendant au minimum 3 ans, et d’observer la zone pendant encore une année après la fin de l’expérimentation. Il devrait nécessiter un budget de 5 à 6 millions d’euros.

Lhyfe devrait communiquer d’ici quelques mois les détails de la phase suivante, le pilote d’injection d’oxygène pur, baptisé BOxIn (Baltic Sea Pilot for Pure Oxygen Injection).

La localisation, la taille et la durée définitives du projet dépendront en partie des financements obtenus.

Ce projet a également permis d’explorer la phase industrielle de la réoxygénation. Avec la production émergente d’énergie éolienne offshore et la demande croissante d’hydrogène renouvelable, le développement de sites de production offshore pour la coproduction d’hydrogène et d’oxygène a été jugé réalisable. 

Source: actunautique