Séismes, animaux, bruits mystérieux… Ces câbles sous-marins français vont écouter le fond des océans

 
« Fiber sensing » : c’est le nom de cette technologie utilisant une intelligence artificielle qui pourrait être en mesure de détecter les signes annonciateurs d’un séisme ou d’un tsunami, un glissement de terrain, un animal marin ou encore une masse mouvante non identifiée… Le groupe français Orange la présentera le 20 novembre 2024 à Rennes, lors de l’European cyber week.

Un séisme en profondeur ou un tsunami, un glissement de terrain, un animal marin, une ancre larguée au fond de la mer ou une masse mouvante non identifiée qui passe tout près (trop près ? )… Voilà ce que les câbles sous-marins d’Orange vont être en mesure de détecter grâce au déploiement de la technologie « Fiber sensing ».

De la fibre optique douée d’« oreilles d’or », en quelque sorte. Sur le papier, le principe est tout simple. « Dans une fibre optique, tous les cinq à dix mètres, il y a des impuretés. Quand on envoie un signal dans cette fibre, l’impureté renvoie un écho. Avec l’aide d’une intelligence artificielle, on va pouvoir savoir ce qui se passe autour », explique Jean-Louis Le Roux, directeur général d’Orange International Network, la branche « réseaux internationaux et câbles sous-marins » du groupe Orange, qui présentera ce projet mercredi 20 novembre 2024, à Rennes, dans le cadre de l’European cyber week, rendez-vous international majeur de la cybersécurité et de la cyberdéfense où les enjeux liés aux usages de l’IA auront une place de choix.

 

Un câble sous-marin, c’est un bouquet de fibres optiques moins épaisses qu’un cheveu, solidement protégées par une gaine composée de plusieurs couches de plastiques et de métaux. Cette gaine est plus large et protectrice à l’approche des côtes. (Photo : Ouest-France)

De quoi écouter le bruit des fosses océaniques, à plusieurs milliers de kilomètres sous la surface de la mer ? Pas en l’état actuel des recherches. « La technologie Fiber sensing pourra être utilisée jusqu’à 80 kilomètres des côtes environ, c’est-à-dire la zone où se situent généralement les premiers répéteurs nécessaires pour que les signaux puissent parcourir les distances séparant un continent à un autre », indique Jean-Louis Le Roux.

 

Jean-Louis Le Roux, directeur général d’Orange International Network, la branche « réseaux internationaux et câbles sous-marins » du groupe Orange. (Photo : Ouest-France)

 

Des capteurs sous les eaux territoriales et plus loin encore

Il suffira de quelques dizaines de millisecondes pour faire remonter vers des stations terrestres les signes annonciateurs d’un tsunami ou la rupture soudaine de câbles, des applications d’observation environnementale pourraient être imaginées.

Quatre-vingts kilomètres de câbles équipés d’ « oreilles », ça permet aussi de disposer de capteurs sur toute la bande de la mer territoriale jusqu’à 12 milles nautiques (environ 22 kilomètres) et sur une partie de la zone économique exclusive (ZEE, jusqu’à 200 milles, soit 370 kilomètres). De quoi imaginer des usages souverains qui pourraient, par exemple, intéresser la Marine nationale.

Des capteurs sous les eaux territoriales et plus loin encore

« Les cas d’usages sont encore à l’étude », précise Jean-Louis Le Roux. D’autres industriels comme Thales, Nokia ou Fosina développent aussi cette technologie. Mais Orange est un géant mondial qui maîtrise la chaîne du déploiement de ces câbles géants par la longueur mais à peine plus gros qu’un bon d’arrosage. C’est pourtant dedans que transitent 98 % des données numériques mondiales.

À l’heure actuelle, Internet est d’abord une histoire de fibres optiques moins épaisses qu’un cheveu, posées au fond des mers, dans de solides gaines protectrices plutôt que des signaux transmis par satellites. Dans cette spécialité qui n’est pas un sport de masse, Orange est un poids lourd. « Il y a près de 1,5 million de kilomètres de câbles posés au fond des océans (environ 32 fois le tour de la Terre ! ). Pour un tiers, ce sont des câbles Orange », souligne Jean-Louis Le Roux. Sur les 400 câbles sous-marins qui parcourent le monde, environ 160 devront être remplacés d’ici 2030 par des plus puissants : l’enjeu est stratégique.

Source: Ouest france