Pollution : L’impunité encourage les abus et les dépassements

 

On a interdit l’utilisation des sacs noirs en plastique pour les emballages des achats et produits, qu’à cela ne tienne : grandes surfaces, pâtissiers, boulangers et autres sautent sur l’occasion pour faire fabriquer des sacs en plastique de couleur blanc ocre, portant leurs noms (quelle arrogance!) et les mettent en vente. Ils détournent la loi en changeant la couleur des sacs. Ils gagnent à tous les coups et ces sacs, étant donné qu’ils ne sont pas biodégradables, aussi polluants que ceux qui ont été interdits, deviennent une source de gains supplémentaire..

Pour vendre plus cher un produit, œufs, volailles, viandes, préparations, on enveloppe dans du plastique et on se sert de toutes sortes de raviers pour faire plus chic, détourner les homologation des prix officiels édictés par les autorités et gagner plus. Aucune réaction des autorités compétentes.

Une zone de la plage de Djerba a été transformée en décharge. Comment peut-on croire que les responsables des lieux— une île qui vit du tourisme— n’ont pas réagi et mis un terme à ces agissements criminels ? Comment imaginer que pas un seul   citoyen de Djerba n’ait vu cette atteinte au bien commun et n’ait pas dénoncé ces malfaiteurs ?

Le «meilleur policier dit-on en Suisse c’est le citoyen». C’est lui, en premier, qui veille à la rigueur exigée pour garantir sa tranquillité et son bien-être.

Sur les plages, l’été durant, en dépit de la proximité des poubelles, on laisse sur le sable tous les restes des victuailles ramenées. Il n’y a personne pour réprimer ces dépassements qui révoltent.

Pendant ce temps, en France, en Allemagne, en Hollande, etc.on se rend là où on voudrait acheter un produit avec un récipient en verre à laisser en consigne, une boîte, un sac en carton ou en jute, pour se faire servir. Cela fait moins de plastique et on agit pour alléger les peines de cette planète qu’on détruit, de cet homme dont on rend la vie impossible.

Selon une très récente étude effectuée par une chercheuse française, Fabienne Lagarde, en 2024 tous les  corps des êtres humains contiennent des particules de plastique, dans toutes les parties de ses membres et dans ses parties vitales. Ce sera pire pour tous les enfants qui naîtront à partir de 2040

La revue médicale New England Journal of Medecine révèle que l’accumulation de ces particules de plastique dans le corps humain est à la base de toutes ces maladies cardiovasculaires et ces AVC qui sont devenus courants.

La Tunisie, confrontée à une situation environnementale délicate, due à la pollution plastique a constaté les dégâts.

La pollution plastique est donc devenue un enjeu majeur. Les sacs en plastique à usage unique contribuent de manière spécifique à la dégradation de l’environnement. Près de cinq milliards de sacs sont utilisés dans le pays, avec des conséquences épouvantables pour les écosystèmes et pour la santé publique. Ces déchets en plastiques se fragmentant en microparticules sont ingérés aussi  bien par la faune marine, contaminant ainsi la chaîne alimentaire et menaçant la biodiversité marine, que par les ruminants, vaches, moutons, chèvres et autres, ce qui influe par voie de conséquence sur les produits de consommation de l’homme..

L’impact économique de cette pollution est également alarmant. Selon une étude du Fonds mondial pour la nature, «l’économie bleue tunisienne perd plus de 20 millions de dollars par an à cause de la pollution plastique. Les plages, autrefois prisées pour leur beauté naturelle, sont aujourd’hui souillées par des déchets plastiques, ce qui nuit au tourisme et à l’économie locale. De nombreuses  plages ont été déclarées impropres à la baignade, un signe révélateur de l’ampleur du problème».

Face à cette situation, le gouvernement tunisien a instauré un moratoire sur les plastiques à usage unique (PUU), visant à réduire l’impact de ces déchets sur l’environnement et la santé publique. Cette initiative s’inscrit dans un cadre plus large de lutte contre la pollution et de transition vers une économie circulaire.

Le décret n°32 du 16 janvier 2020 a marqué un tournant dans la gestion des déchets plastiques en Tunisie. Ce texte interdit «la production, l’importation et la distribution de sacs plastiques à usage unique, avec des exceptions pour les alternatives biodégradables et réutilisables».

Des multinationales impitoyables

Toutes les dispositions prises pour alléger les effets du plastique sont systématiquement combattues par des multinationales impitoyables, qui mettent le prix, noyant les médias de leurs arguments prouvant que leurs emballages sont les meilleurs.

Pourtant, il est prouvé que le verre demeure le meilleur conservant au point de vue goût et fraîcheur. Si d’autres pays, pourtant producteurs de ces emballages, sont revenus au verre, c’est que la menace est réelle. Bien entendu, se pose la question des consignes et des installations à construire, de nouvelles infrastructures, en particulier de grands centres de tri et de lavage, ainsi que des machines pour la collecte. Cela nécessite des investissements lourds. Mais y a-t-il d’autres choix pour préserver l’environnement et défendre la santé du citoyen ?

2022 avait été déclarée année internationale du verre. Inerte, recyclable et recyclé, ce matériau d’emballage n’a plus à faire ses preuves, Bouteilles, pots, bocaux… en verre devraient être  les premiers à faire l’objet d’une collecte séparée des ordures ménagères. On a bien lancé quelques tentatives timides et…sans lendemain. Les premiers responsables ne semblent pas convaincus. 

Il nous semble inutile de revenir sur les dispositions prises par les autorités tunisiennes pour un avenir sans plastique. Pour la bonne raison que toutes les lois, dispositions, décrets, ordres, etc. sont insuffisants si l’impunité persiste. Si le citoyen n’est pas éduqué, sensibilisé, convaincu que sa santé et celle de ses descendants sont menacées.

Il y a bien de temps à autres quelques allusions, des campagnes aussi timides que furtives pour prendre en main la situation. Cela ne suffit pas. Les bouteilles en plastique sont plus faciles à transporter, le lait, dont on jette le paquet dans la poubelle et que l’Etat compense à coups de milliards est plus pratique que les bouteilles en verre; le poulet, les viandes dans des raviers joliment colorés, pesés et dont le prix apparaît, c’est plus rapide pour faire les courses, etc. etc. sont entrés dans nos mœurs. Il faut du temps pour éduquer et de l’argent, de la continuité dans l’application des programmes, de la pédagogie et de l’endurance pour que cela change.

En attendant, le citoyen qui se laisse prendre dans les filets des annonceurs et des influenceurs ira plus souvent chez le médecin, finira sa vie, rongé par les maladies, malheureux de vivre une vie qui n’en est plus une.

Source: La presse