Encore une bonne nouvelle pour la Davie

 

La Davie espère qu’une entente tripartite annoncée jeudi en marge du sommet de l’OTAN à Washington aura des retombées importantes sur son chantier maritime de Lévis et sur celui qu’il a récemment acquis en Finlande.

Le Canada, les États-Unis et la Finlande ont annoncé la création du Pacte de collaboration sur les brise-glaces, ou ICE Pact en anglais. L’accord signale la volonté de ces pays de relancer la construction de brise-glaces dans un contexte particulièrement tendu dans l’Arctique.

« L’idée, telle que je la comprends, c’est qu’on projette une acquisition de plusieurs dizaines de brise-glaces par des pays alliés du Canada, et on veut créer une expertise dans ces trois pays pour la rendre disponible à nos alliés qui voudraient acheter ces navires », explique Justin Massie, professeur titulaire de science politique à l’UQAM.

Dans un communiqué, la Maison-Blanche précise que la construction navale requière un investissement important de capital, et que dans ce contexte « des commandes sur le long terme de plusieurs navires sont essentielles pour le succès d’un chantier ».

Le message aux alliés est donc clair : le Canada, les États-Unis et la Finlande – qui participait à son premier sommet de l’OTAN en tant que membre en règle – ont des chantiers et sont prêts à livrer des brise-glaces, un navire qui nécessite une rare expertise.

La Davie pense être très bien placée pour profiter de l’accord. « On a deux atouts clés, on a le chantier qui a construit le plus de brise-glaces au monde, celui d’Helsinki, et on a le chantier avec le plus grand carnet de commandes de brise-glaces au monde, celui de la Davie », note Marcel Poulin, porte-parole du chantier maritime Davie.

 

La Davie a en effet fait l’acquisition du chantier naval finlandais Helsinki Shipyard Oy, en novembre dernier, avec l’appui du gouvernement du Québec. Elle a aussi regarni son carnet de commandes dans son chantier de Lévis depuis sa réintégration dans la Stratégie nationale de construction navale (SNCN) au printemps 2023.

« Le contexte géopolitique fait en sorte qu’on a besoin de brise-glaces. La Chine s’est fait livrer un quatrième brise-glace cette semaine. La Russie a une cinquantaine de brise-glaces fonctionnels actuellement, remarque Marcel Poulin. Les États-Unis, le Canada et la Finlande s’entendent pour dire que l’OTAN doit vraiment se concentrer dans l’acquisition de nouveaux brise-glaces. »

 

Des alliés en quête de brise-glaces

 

Selon le ministre des Services publics et de l’Approvisionnement du Canada, Jean-Yves Duclos, « c’est à peu près certain » que le chantier de Lévis verra des retombées de cette entente.

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le brise-glace Henry Larsen de la Garde côtière canadienne

Le chantier peut espérer construire six nouveaux brise-glaces et un brise-glace polaire pour la Garde côtière canadienne, grâce à son retour dans la Stratégie nationale. Davie a déjà entamé les travaux initiaux de conception, mais ignore pour l’instant quand commencera la construction des navires.

Le chantier d’Helsinki est quant à lui disponible pour des contrats. Le ministre Duclos pense que le signal envoyé aux alliés est clair. « Avec cette alliance, on va pouvoir aider d’autres pays qui n’ont pas la capacité de construire des brise-glaces, mais en ont besoin pour assurer leur souveraineté. »

Justin Massie rappelle que les pays alliés du Canada ne peuvent pas tous construire leur matériel militaire eux-mêmes, une pratique qui serait extrêmement inefficace.

C’est avantageux pour nos alliés, car c’est une expertise très nichée. Créer des chantiers navals pour quelques brise-glaces, ça prend beaucoup de ressources et d’expertise pour une poignée de navires, et après les emplois disparaissent. L’idée, c’est de mettre en commun l’expertise.

 Justin Massie, professeur titulaire de science politique à l’UQAM

Le porte-parole de Davie précise « qu’il y a plus de 80 brise-glaces qui doivent être construits dans le monde occidental au cours des prochaines années ».

« Très peu de chantiers dans le monde ont l’expertise pour la construction de brise-glaces, ajoute Marcel Poulin. Avoir le chantier qui en a construit le plus dans l’histoire, c’est un atout. Et avoir le chantier avec le plus gros carnet de commandes aussi. »

L’annonce de l’accord a été faite au sommet de l’OTAN jeudi, mais pourrait résonner au-delà des oreilles atlantistes. « On peut penser à la Corée du Sud, au Japon, à l’Australie, qui pourraient être intéressés à acheter des brise-glaces », note Justin Massie.

Source: La presse