« PLUS DE FINANCE BLEUE POUR PRÉSERVER LES OCÉANS »

 
Les 7 et 8 juin, le Costa Rica accueillait le sommet Immersed in Change, une étape clé pour mobiliser la communauté internationale en faveur de la protection des océans, en préparation de la Conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc) à Nice en juin 2025. À cette occasion, Emmanuel Baudran, directeur exécutif adjoint des Solutions de développement durable à l’AFD, évoque les enjeux de la participation du Groupe à cet événement et réaffirme son engagement en faveur des océans.

Pourquoi ce sommet sur les océans au Costa Rica ?

Emmanuel Baudran La préservation de l’océan, de ses écosystèmes et de ses ressources, est un sujet de développement majeur : on parle de la sécurité alimentaire d’environ un milliard d’habitants, de millions d’emplois, mais aussi bien sûr de biodiversité marine et d’équilibre du système climatique. La mobilisation internationale pour la préservation des océans est de plus en plus importante depuis 2022, et la France joue un rôle majeur dans cet agenda de l’action : elle co-organisera avec le Costa Rica une grande conférence des Nations unies sur les océans (Unoc) qui aura lieu à Nice en juin 2025.

L’AFD était partenaire du sommet Immersed in Change organisé au Costa Rica les 7 et 8 juin 2024, une étape importante de mobilisation de la communauté internationale. Ce sommet rassemblait la diversité d’acteurs impliqués dans la préservation et la valorisation des écosystèmes marins et côtiers : scientifiques, car il nous faut mieux connaître les milieux marins et les sociétés qui en vivent ; acteurs de la société civile et représentants des communautés locales, car les écosystèmes côtiers et marins sont d’abord les leurs ; gouvernements, car il nous faut des politiques publiques fortes ; et enfin les institutions financières, publiques et privées, de la finance durable, car nous devons développer de nouveaux outils de finance bleue pour répondre aux enjeux !

Aux côtés d’Hervé Berville, secrétaire d’État à la Mer et à la Biodiversité, d’Éleonore Caroit, députée des Français de l’étranger et membre du Conseil d’administration de l’AFD, de Catherine Chabaud, députée européenne, et d’Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur pour les océans et les pôles, nous avons écouté et rencontré tous les acteurs et réfléchi aux moyens de répondre aux défis de la préservation et de la valorisation des océans.

Ce sommet était aussi l’occasion de réaffirmer le partenariat entre la France et le Costa Rica sur les questions environnementales, comme en témoignait avant même l’organisation de l’Unoc leur leadership conjoint dans la Coalition de la haute ambition pour la nature et les peuples (HAC). Cette coopération se manifeste à travers des initiatives concrètes, telles que des projets de protection des mangroves soutenus par le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM) et les prêts de politiques publiques de l’AFD pour soutenir le plan national de décarbonation du Costa Rica.  

 

 

Que fait l’AFD pour les océans ?

 

Actuellement, environ 7 % du portefeuille de l’AFD, soit environ 850 millions d’euros d’investissements annuels, sont dédiés aux océans ; et plus de 60 % de ces investissements ont des impacts positifs sur les milieux marins. Il s’agit notamment de la réduction des déchets plastiques en Indonésie, de la conservation des mangroves au Sénégal, de la gestion des sargasses dans les Caraïbes, de la gestion des déchets des flottilles de pêche avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean), de la promotion des Solutions fondées sur la nature (SFN) dans le Pacifique via l’initiative Kiwa, ou encore de la gestion intégrée des zones côtières dans l’océan Indien avec la Commission de l’océan Indien (COI)Expertise France est par ailleurs reconnue pour ses interventions en matière de  sécurité maritime, de gestion des débris plastiques ou encore d’accompagnement des petits territoires insulaires. Quant à Proparco, elle a été à l’origine de la première ligne de crédit bleue du groupe, en Chine en 2022.

En 2019, l’AFD s’est distinguée en étant l’une des premières banques de développement à élaborer une stratégie dédiée aux océans. Pour elle, ce sommet était une occasion de faire savoir que nous pouvons faire mieux. Pour ce faire, nous déployons un plan d’action bleu dédié avec des objectifs clairs : faire émerger des projets « Ocean positive » impliquant une exigence accrue d’impacts positifs pour les milieux marins, soutenir les politiques publiques intégrant la dimension marine du Cadre mondial pour la biodiversité et une économie bleue à haut niveau de soutenabilité, ou encore mobiliser des outils de finance bleue (crédits carbone bleu, ligne de crédits bleus, notamment).


Faire mieux, c’est aussi renforcer notre offre d’accompagnement sur des secteurs stratégiques comme la lutte contre les pollutions plastiques, la décarbonation du transport maritime, les aires marines protégées, le soutien à la pêche artisanale côtière ou encore l’adaptation des villes côtières.

Cette offre « Ocean positive » s’aligne sur le Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming et l’agenda « Nature positive », en visant notamment les cibles de restauration et de protection, elle s’aligne aussi sur les Solutions fondées sur la nature et la mobilisation des ressources financières. Plus globalement, en matière de biodiversité, l’AFD, qui visait un milliard d’euros de financement biodiversité en 2025, a atteint dès 2023 cet objectif. Environ 30 % de cette finance biodiversité porte sur les milieux marins.

Quel projet ou initiative représente cette nouvelle approche ?

À San José, nous sommes très contents d’annoncer le lancement d’un nouveau programme déployé par l’AFD : la Facilité carbone bleu.

Le carbone bleu est le nom générique donné au carbone séquestré par les écosystèmes marins, dont les écosystèmes côtiers (mangroves, herbiers, marais littoraux). Ces trois écosystèmes sont très productifs – ils stockent jusqu’à quatre fois plus de carbone par unité de surface que les forêts terrestres. Un rôle essentiel, donc, en termes de séquestration. Mais ils jouent aussi un rôle critique en matière d’adaptation – protection du trait de côte – et sont des réservoirs de biodiversité et de ressources alimentaires pour les communautés littorales. Ils restent pourtant globalement menacés du fait de diverses pressions bien connues : urbanisation, pollutions, aquaculture, changements climatiques.


Cette facilité, dotée de 6 millions d’euros, va permettre de préparer les conditions pérennes de la préservation des écosystèmes marins, via trois types d’activités complémentaires : connaissance, intégration dans les politiques publiques et expérimentation de nouveaux mécanismes de financement. Et un appui spécifique sera déployé au Costa Rica ! Ce sommet était donc aussi l’occasion d’approfondir la coopération avec le Costa Rica sur un sujet qui peut jouer un rôle de levier stratégique sur les trajectoires climat et biodiversité.

Source: AFD