Il n’est que 9 heures du matin, mais les mamas du village de Kapatcol, sur l’île de Misool, dans l’archipel de Raja Ampat, en Papouasie du Sud-Ouest, sont déjà en train de “festoyer” en mer, ce lundi 25 mars. Elles récoltent des concombres de mer, des lolas [Rochia nilotica, mollusques gastéropodes] des homards et des lagas [Turbo marmoratus, communément surnommés “escargots turbans”] dans la zone de sasi gérée par le groupe de femmes Waifuna.

Waifuna signifie “bénédiction divine” en matbat, la langue locale. Quant au sasi, c’est une tradition que l’on retrouve communément en Papouasie et aux Moluques. Elle réglemente l’accès à la capture de la vie marine et limite l’utilisation d’engins de pêche dans certaines zones et à certaines périodes. Bien que les règles ne soient pas écrites, les habitants croient qu’il leur arrivera malheur s’ils les enfreignent.

À peine une minute après avoir plongé, Yolanda Olivia Kacili, 23 ans, remonte à la surface. Dans sa main droite, elle tient un concombre de mer blanc et laiteux plus gros que son bras. Après avoir posé l’holothurie dans la barque, elle retourne au molo, c’est-à-dire au fond de l’eau. Comme la plupart des autres femmes, elle ne porte que des lunettes de natation. Seules quelques mamas sont équipées de tubas et de palmes. L’utilisation de bouteilles d’air comprimé n’est pas autorisée.

Alors que les autres mamas continuent de plonger, Yolanda refait surface. Cette fois, ses mains tiennent plusieurs concombres de mer à poitrine rouge et des lolas. Grâce à la clarté de l’eau, ses mouvements sont clairement visibles de la surface.

“Il y a beaucoup de concombres de mer et de lolas tout en bas. On dirait bien que la récolte de l’ouverture du sasi cette année va être abondante”, dit-elle en prenant une inspiration avant de replonger.

Source: courrierinternational