La face cachée des usines de dessalement d’eau de mer
24 mai 2024
24 mai 2024
Pour transformer l’eau de mer en eau douce, et ainsi la rendre potable, de plus en plus de villes ont recours à des usines de dessalement. Un dispositif coûteux et qui peut avoir de graves conséquences sur l’environnement.
À cause de l’augmentation de la population mondiale et du réchauffement climatique, les besoins en eau potable sont de plus en plus élevés. À tel point que de nombreuses villes ont décidé de passer par des usines de dessalement d’eau de mer. Pour rappel, il s’agit d’une installation qui permet de désaliniser les eaux saumâtres ou salées afin d’obtenir de l’eau douce. Selon les chiffres de l’International Desalination and Reuse Association, on compte près de 22 800 installations à travers le monde. Ces usines de dessalement ont notamment permis de fournir environ 110 millions de mètres cubes d’eau par jour. Mais si cette solution est pour l’instant efficace pour faire face aux sécheresses et aux besoins en eau douce, elle n’est malheureusement pas durable. En effet, selon plusieurs experts, la désalinisation à grande échelle pourrait avoir de graves conséquences sur l’environnement.
Pour transformer de l’eau salée en eau douce, les usines de dessalement d’eau de mer utilisent généralement l’osmose inverse. Il s’agit d’un processus de séparation de l’eau et des sels dissous au moyen de membranes semi-perméables sous l’action de la pression. Un procédé efficace certes, mais qui est particulièrement énergivore. « Dans des pays comme l’Arabie Saoudite ou les Émirats arabes unis, ces usines de dessalement vont consommer l’équivalent d’1 à 2 centrales nucléaires tous les jours à l’horizon 2030« , regrette Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du Centre Énergie et Climat de l’Ifri, dans une étude portée sut la géopolitique du dessalement de l’eau. Pour répondre à ce besoin en énergie, les usines pourraient alors être tentées de se tourner vers des centrales à charbon et à gaz.
Mais ce n’est pas tout ! Les usines de dessalement peuvent avoir d’autres conséquences néfastes sur l’environnement. Après le processus de désalinisation, l’usine rejette des saumures et des produits chimiques dans l’océan. Chaque jour, ce sont près de 150 millions de mètres cubes de cette eau polluée qui est déversée dans les mers et dans les océans. « Malheureusement, dans le monde, il y a beaucoup d’exemples où directement relarguer en mer, ces rejets ont détruit les écosystèmes marins », explique Marc-Antoine Eyl-Mazzega. Désormais, les exploitants d’usines de dessalement sont confrontés à plusieurs défis : ils doivent trouver un moyen d’alimenter leurs usines en énergies renouvelables, mais ils ont également la responsabilité de trouver une solution pour limiter ou réutiliser les pertes de saumures et de produits chimiques.