Antarctique : le « glacier de l’apocalypse » encore plus vulnérable qu’on ne le pensait ?

 

Son surnom médiatique fait frissonner. Le « glacier de l’apocalypse », c’est le Thwaites, un glacier de l’Antarctique ouest, qui prend naissance sur les flancs du mont Murphy. Découvert par les explorateurs polaires en 1940, il inquiète les scientifiques depuis les années 1980. Avec son voisin, le glacier de l’île du Pin, il forme ce qu’ils nomment le « ventre mou » de la calotte glaciaire de cette partie du Continent Blanc. Des géants de glace sujets à la fonte et aux effondrements, dont la disparition pourrait accélérer celle de toute la calotte. 

À elle seule, la fonte totale du Thwaites, le plus vaste glacier du monde, pourrait élever le niveau de la mer de près de 60 cm. Étendu sur 192.000 km², d’une épaisseur de 800 à 1000 m selon les endroits et longeant l’océan sur près de 120 km, son recul contribue déjà pour 4% à l’élévation enregistrée actuellement. 

 

Infiltration d’eau de mer

 

Si on sait déjà que le Thwaites fond plus vite que prévu, même avec un faible réchauffement, une nouvelle étude pointe une nouvelle fragilité, qui vient d’être détectée sous le glacier. De l’eau de mer s’infiltre à plusieurs kilomètres sous la glace, et beaucoup plus profondément que les scientifiques ne l’estimaient jusqu’ici. 

Un phénomène qui ne peut qu’accélérer la fonte du glacier, avec les effets conjugués du sel et d’une eau plus chaude, redoutent les auteurs de l’étude publiée dans le journal de l’Académie des sciences américaine (PNAS) le 20 mai. 

 

Quelles conséquences ?

 

Des courants d’eau de mer ont pénétré sur plus de six km sous le glacier, selon des données satellitaires recueillies de mars à juin 2023, et analysées par l’équipe dirigée notamment par le glaciologue franco-américain Eric Rignot, de l’Université de Californie à Irvine. Le scientifique considère que cette découverte va modifier, en les accélérant, les modèles prédictifs de la hausse du niveau des mers. 

Le glacier Thwaites est posé sur deux crêtes océaniques, explique le Washington Post, mais les marées montantes le soulèvent suffisamment pour que de l’eau de mer s’engouffre plus profondément à l’intérieur de l’Antarctique ouest. Les auteurs de l’étude ne se prononcent cependant pas sur la quantité d’eau qui pénètre ainsi, ni sur l’ampleur des conséquences du phénomène sur la fonte. 

Le Thwaites s’est vu surnommer le « glacier de l’apocalypse » depuis un article de la revue américaine Rolling Stone, en 2017, qui parlait d’un « Doomsday glacier », littéralement « le glacier du jugement dernier »

Les scientifiques sont plus réticents à une telle terminologie, principalement pour deux raisons : parce qu’elle peut donner l’impression que l’issue la plus fatale est inéluctable, et parce qu’elle peut masquer que le problème concerne d’innombrables autres glaciers dans la région et dans le monde.

Source: TF1 info