Une tortue marine blessée à la tête retrouvée morte au nord de Tripoli
2 mai 2024
2 mai 2024
La saison des amours des tortues marines a commencé, explique le chercheur Ali Badreddine à L’Orient-Le Jour, précisant que les animaux sont plus actifs près du littoral pendant l’été.
Des bénévoles de l’organisation environnementale Darb Akkar ont retrouvé lundi une tortue marine morte, gravement blessée à la tête, sur une plage de Minié, au nord de Tripoli, dans le nord du Liban.
Ali Badreddine, scientifique marin et directeur de la réserve naturelle de Tyr, a identifié la tortue comme étant une femelle, précisant qu’elle appartient à l’espèce Caretta caretta, communément appelée tortue caouanne. En analysant les images de l’animal, M. Badreddine a indiqué que sa carapace mesurait environ 80 centimètres de long et qu’elle était âgée de 35 à 40 ans.
Charif Jemaa, un scientifique marin du Centre des sciences de la mer du Conseil national de la recherche scientifique (CNRS), a confirmé que la tortue était morte d’un coup violent à la tête, ajoutant que « ce n’est pas la première fois que des tortues mortes sont retrouvées battues ».
« On ne sait pas si la tortue a été frappée par quelqu’un ou si elle s’est cogné la tête [accidentellement] dans un bateau… rien n’est certain », a ajouté le scientifique, précisant qu’il s’agit là de menaces courantes pour ce genre d’animaux.
Espèces « vulnérables »
La saison des amours des tortues marines a commencé, explique pour sa part Ali Badreddine à L’Orient-Le Jour, précisant que les animaux sont plus actifs près du littoral pendant l’été. Une fois cette phase terminée, les tortues femelles s’approchent des plages de sable, à partir du mois de juin, pour y pondre leurs œufs.
« Les plages de sable ne sont pas nombreuses au Liban, 80 % du littoral libanais est rocheux », souligne le scientifique, ajoutant que la plus longue plage de sable se trouve dans le sud du Liban, où la réserve naturelle de Tyr a été créée.
Ces plages sont des lieux de nidification naturels pour la tortue verte et la tortue caouanne, deux espèces en voie de disparition, classées comme vulnérables par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Les tortues de mer femelles nées sur les côtes libanaises reviennent sur ces mêmes côtes des années plus tard pour y pondre leurs propres œufs.
Cependant, selon une étude de l’Institut de l’environnement de l’université de Balamand, au moins 80 % des 220 kilomètres de littoral du pays sont privatisés pour des projets de construction et de villégiature, ce qui laisse peu d’espace aux tortues du Liban pour pondre leurs œufs en toute sécurité.
Selon l’UICN, une autorité mondiale basée en Suisse, les tortues caouannes, y compris celles que l’on trouve au Liban, ont été classées comme « vulnérables » et ont besoin de mesures de conservation intensives.
Les menaces qui pèsent sur les tortues sont notamment la pêche, les activités de loisirs, la pollution et le changement climatique, ajoute l’UICN. Au Liban, les tortues marines sont souvent chassées illégalement et momifiées à des fins commerciales.
Selon Charif Jemaa, le plastique constitue une autre menace pour les tortues du Liban, ces animaux ayant tendance à s’étouffer avec ce matériau ou à l’avaler, ce qui entraîne la diffusion de toxines dans leur organisme.
Dans le cadre des efforts de conservation de la réserve naturelle de Tyr, le Centre des sciences de la mer « commence à se préparer à accueillir la saison des amours en mai », avant la saison de nidification, a déclaré ce chercheur.
Ali Badreddine, lui, dit s’efforcer à « sensibiliser les étudiants et les pêcheurs aux tortues marines ». « Nous demandons aux propriétaires de bateaux de ne pas s’approcher des tortues en train de s’accoupler s’ils les aperçoivent et de ne pas les filmer, car les mâles et les femelles ont tendance à être stressés durant cette période », a-t-il ajouté.