Comment adapter les territoires du Pacifique à l’élévation des océans ?

La Plateforme Océan & Climat a publié un rapport consacré à l’adaptation des territoires du Pacifique à l’élévation du niveau des mers. Il présente les défis spécifiques rencontrés dans cette zone, et met en lumière des initiatives pour les surmonter.

En novembre dernier, lors du One Planet – Polar Summit organisé à Paris, l’initiative Sea’ties (portée par la Plateforme Océan & Climat), présentait ses recommandations générales aux dirigeants des villes et régions côtières du monde entier, confrontés à la question de l’élévation du niveau des mers.

Des recommandations tirées d’ateliers menés dans cinq grandes régions (Europe du Nord, Méditerranée, côte ouest des Etats-Unis, Afrique de l’Ouest, Pacifique), avec des acteurs locaux et consacrés à l’étude de solutions déjà mises en œuvre localement. Après la Méditerranée, la côte ouest des Etats-Unis et l’Afrique de l’Ouest, la Plateforme Océan & Climat vient de rendre public le rapport spécifiquement consacré à la zone Pacifique.

 

Menace existentielle

 

Dans les pays et territoires insulaires du Pacifique, les populations sont confrontées « à une évolution rapide des conditions océaniques et côtières en raison du changement climatique, et sont particulièrement vulnérables à l’élévation du niveau de la mer », rappelle la Plateforme Océan & Climat. Dans cette région où de nombreuses îles sont situées en zones de faible altitude, l’élévation du niveau de la mer est trois fois plus rapide que la moyenne annuelle mondiale et les cyclones tropicaux sont plus intenses.

90% de la population vit en outre à moins de 5 km de la mer, et plus de la moitié sera urbaine d’ici 2050. Face à la menace directe et existentielle de la montée des eaux, l’asile climatique récemment accordé par l’Australie aux 11.000 habitants des îles Tuvalu menacés de submersion avant la fin du siècle ne peut évidemment pas constituer la seule réponse. Mais les défis sont nombreux, à commencer par le manque de recherches dédiées et de données locales, qui entravent l’évaluation précise des risques et la conception de stratégies d’adaptation sur mesure.

 

Savoir scientifique et approches traditionnelles

 

D’où l’intérêt de reconnaître et mobiliser les connaissances autochtones et locales afin de pallier ce manque, indique le rapport. « Dans cette optique, le projet de recherche PACPATH (qui inclut notamment l’IRD, ndlr) rassemble une multitude d’acteurs, dont les chefs traditionnels, pour cartographier de manière exhaustive les vulnérabilités. L’Observatoire du littoral de Nouvelle-Calédonie (OBLIC), chargé de surveiller les dynamiques du trait de côte, s’appuie, quant à lui, sur des sciences participatives impliquant autorités locales, ONG et écoles ».

Autre obstacle à surmonter : le manque de suivi, d’évaluation, d’échange des connaissances et de retour d’expérience, tout particulièrement pour ce qui relève des solutions d’adaptation fondées sur la nature (Sfn). « Malgré leur utilisation historique et leur popularité grandissante dans la région, leur efficacité et durabilité souffrent d’un manque de suivi. Pour cette raison, le projet ADAPTOM (notamment porté par l’Université de La Rochelle, NDLR) a développé une cartographie et une analyse des conditions favorables, du potentiel et des externalités des SfN dans la région ».

Sur une soixantaine de pages (en anglais), le rapport décline difficultés et solutions mises en œuvre de la Nouvelle-Calédonie à la Papouasie-Nouvelle-Guinée, en passant par les îles Fidji, les îles Marshall et la Nouvelle-Zélande. Et insiste sur un point, qui avait d’ailleurs été particulièrement mis en avant lors de la présentation des recommandations globales lors du One Planet – Polar Summit : parce qu’elle est souvent conduite par des acteurs externes, « l’adaptation se heurte aux réalités locales ». L’implication des populations locales lors des phases de conception, de mise en œuvre et de suivi des politiques d’adaptation apparaît donc comme une condition indispensable pour faciliter leur acceptabilité.

Source: Mer&Marine