Comment cette start-up, née dans un labo, a signé Bic et L’Oréal en premiers clients
21 février 2024
21 février 2024
La fondatrice de Plastic@sea, Anne-Leïla Meistertzheim, veut combattre la pollution plastique dans les océans. Ses tests de biodégradabilité et de toxicité aident les entreprises à opter pour des matériaux plus vertueux. La start-up vise 1,6 million d’euros de chiffre d’affaires en 2024.
Des océans qui contiennent plus de plastique que de poissons, c’est le scénario alarmant qui guette notre planète à horizon 2050 selon le Parlement européen. Que faire ? Juguler le flux d’emballages qui se déverse chaque année dans la mer ? Ramasser les bouteilles à la dérive ? Plastic@sea complète le tableau d’une autre proposition : tester la biodégradabilité et la toxicité des plastiques pour faire le bon choix au moment de développer les matériaux qui finiront très probablement leur course dans les eaux.
La chercheuse Anne-Leïla Meistertzheim a passé dix ans au CNRS sous statut contractuel. En 2019, elle décide de lancer sa propre entreprise au sein de l’incubateur Arago du laboratoire d’océanologique de Banyuls (Pyrénées-Orientales). « Il existe, dans l’administration, une grande inertie entre le moment où on se pose une question et l’arrivée des moyens techniques. Nous nous avons créé Plastic@sea pour avoir l’adaptabilité d’une start-up », explique-t-elle.
Dès 2018, la scientifique, alors militante au sein de l’ONG Tara Océan, est approchée par l’entreprise Bic. Rien d’étonnant : Anne-Leïla Meistertzheim a déjà une expertise reconnue et l’industriel cherche à limiter l’impact de ses briquets sur l’environnement marin.
Plastic@sea se lance ainsi avec un premier client grand compte. « Ce premier projet a été ma grande force. J’ai pu signer un contrat de cinq ans avec des paiements échelonnés ». De quoi assurer un roulement de trésorerie suffisant, la jeune pousse ayant peu de dépenses. « L’incubateur met à notre disposition une plateforme technique que nous louons à l’heure, ce qui nous dispense d’investissements et d’immobilisations », précise Anne-Leïla Meistertzheim.
La même année, L’Oréal entre en contact avec Plastic@sea pour une étude sur l’impact des cosmétiques et de leurs emballages sur le milieu marin. Suivront l’Agence de l’eau, la Compagnie nationale du Rhône mais aussi des start-up soucieuses de tester des matériaux avant de lancer leurs produits.
Très vite, Plastic@sea est à l’étroit dans l’incubateur Arago. Il faut partager les locaux avec d’autres entreprises. Début 2022, l’entreprise lève 350.000 euros en equity . BPIfrance et BNP Paribas suivent pour un total de 900.000 euros. Une somme suffisante pour aménager ses propres bureaux et son laboratoire. « Nous avons multiplié par 7 notre surface de production », se réjouit Anne-Leïla Meistertzheim.
Ces vastes locaux lui permettent aussi de renforcer son équipe commerciale pour trouver de nouveaux clients. Le développement de la société passera aussi par la création d’une franchise pour diffuser sa méthodologie désormais standardisée auprès de laboratoires implantés au bord de l’Océan Atlantiques et dans les Caraïbes. Parallèlement, la start-up développe son expertise sur le milieu aquatique terrestre. « Nous envisageons de créer une filiale consacrée à cette activité », poursuit l’entrepreneuse de 43 ans.
De quoi booster un chiffre d’affaires en constante croissance, de 159.000 euros en 2019 à 800.000 euros cette année. Et pour 2024 ? L’entrepreneuse table sur 1,6 million d’euros. Et certainement plus… « Je fais partie des gens qu’on met dans la case ‘trop prudente’ ! »
Source: entrepreneurs . lesechos