Plonger dans les eaux glaciales de l’Antarctique « pour comprendre comment la faune et la flore réagissent aux changements »
2 février 2024
2 février 2024
On le croise entre une araignée de mer et un manchot empereur, dans les couloirs du Musée d’Histoire naturelle et Vivarium de Tournai, où il est chargé de collections. À deux jours du départ, l’excitation monte, mais Lucas Terrana reste serein, car cette expédition, toute l’équipe l’a préparée « de longue date et de façon méticuleuse« .
Ce samedi, dix scientifiques participeront à cette mission dirigée par le professeur Bruno Danis du laboratoire de Biologie Marine de l’Université Libre de Bruxelles. Cap sur le Sud pour cette équipe. Le Sud de l’Argentine. « À bord d’un voilier, nous allons démarrer d’Ushuaïa pour traverser le célèbre passage de Drake. Nous aurons trois à quatre jours de navigation avant d’arriver près de l’Antarctique« , explique Lucas Terrana, dont le rôle sera d’encadrer la plongée scientifique.
Descendre dans ces eaux glaciales à 20, 25 mètres de profondeur et y prendre des échantillons n’est pas une mince affaire. « L’eau est à peine à 1 à 3 degrés, avec parfois du courant, parfois une mauvaise visibilité due aux particules en suspension. Ça nécessite un équipement adéquat avec des systèmes de chauffage sous nos combinaisons« , précise ce Louviérois de 32 ans, par ailleurs docteur en biologie marine. Pour que tout roule, « nous nous sommes entraînés physiquement et mentalement. Le matériel est prêt, conditionné, testé, révisé. Il n’y a pas de place pour l’improvisation.«
L’objectif de l’équipe, c’est d’en savoir plus sur la faune et la flore qui vivent dans ces eaux-là. « On s’attend à trouver des étoiles de mer, des oursins, des concombres de mer ou encore des petits crustacés ainsi que toute une série d’algues« . Ensuite, il s’agira d’essayer de « comprendre comment ces écosystèmes répondent aux changements environnementaux, que ce soit les hausses de température, l’augmentation des événements climatiques extrêmes ou encore la fonte des glaces« . Outre les hommes-grenouilles, un robot sous-marin sera du voyage pour collecter des échantillons.
Est-ce que Lucas Terrana compte faire d’une pierre deux coups et ramener dans sa valise une étoile de mer séchée pour agrémenter les collections dont il a la charge à Tournai ? « Pas directement, mais après l’expédition, on ne va pas jeter les échantillons. Si notre musée pour aider à en conserver une partie dans les meilleures conditions, ce sera avec plaisir. Ce ne seront pas nécessairement des éléments spectaculaires, ça peut être des petits spécimens de l’ordre du millimètre ou du centimètre, mais qui ont tout autant leur importance qu’une étoile de mer de trente centimètres de diamètre.«
Durant cette aventure d’un mois sur place, les scientifiques partageront une partie de leur quotidien et de leurs recherches. Sur les réseaux sociaux, vous pourrez suivre l’évolution de cette mission baptisée « Tango Expeditions » et financée par la Politique Scientifique Fédérale Belge (BELSPO).