Exmar: « La situation en mer Rouge pourrait devenir bénéfique pour le marché du transport maritime »

Sale temps pour le transport maritime? À peine remis de la crise pandémique et des mesures successives de confinement, il doit faire face aux attaques en mer Rouge, obligeant les navires à effectuer d’importants détours. Le secteur pourrait toutefois sortir gagnant de cette situation difficile.

Depuis plusieurs semaines, les rebelles yéménites houthis mènent des attaques contre des navires commerciaux dans le détroit de Bab el-Mandeb (sud de la mer Rouge). Considéré comme un point d’entrée stratégique entre la Méditerranée et la mer d’Arabie, il voit transiter 15% du commerce mondial. Aujourd’hui, ces navires sont obligés de faire un détour par le cap de Bonne-Espérance.

 

« On voit, ces jours-ci, les premiers navires déviés arriver au port, avec jusqu’à 10-15 jours de retard. »

 

Pas de congestion dans les ports belges

 

« On voit, ces jours-ci, les premiers navires déviés arriver au port, avec jusqu’à 10-15 jours de retard. Les horaires sont à nouveau moins fiables, ce qui risque d’entraîner des inefficacités dans les opérations des terminaux et dans l’arrière-pays », explique Lennart Verstappen, porte-parole des ports d’Anvers et de Bruges.

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En temps normal, les ports d’Anvers et de Bruges accueillent chaque jour deux navires ayant traversé la mer Rouge. »Nous restons des ports incontournables pour les navires et nos terminaux, après les années covid et l’incident du Canal de Suez, sont habitués à se réorganiser en fonction des arrivées. »

Même son de cloche au terminal des conteneurs qui reconnaît toutefois quelques jours de retard sur le programme, sans afficher des pertes de volumes.

Le géant des porte-conteneurs A.P. Moller-Maersk vient, pour sa part, de lancer un avertissement à ses clients: les perturbations hivernales et le détournement des navires de la mer Rouge commencent à provoquer des congestions des terminaux européens à conteneurs.

 

Hausse des prix du transport…

 

Les détours se traduisent par des frais de carburant supplémentaires, qui sont, certes, partiellement compensés par les économies dues à la non-utilisation du canal de Suez. Des économies estimées à quelque 500.000 dollars par bateau, pour des revenus annuels de 7 milliards de dollars pour l’Égypte.

 

… et assurances plus chères

 

Au niveau de l’assurance, aussi, les prix explosent. La mer Rouge est désormais classée dans les « zones à risque » par les compagnies d’assurance. Selon l’agence Bloomberg, un armateur dont le navire transporte 100 millions d’euros de marchandises se verra imposer une prime d’assurance de près de 535.000 euros. Il s’agit d’une hausse de 0,1 à 0,5% de la valeur du chargement, qui pourrait encore évoluer. Les primes sont fixées, en effet, pour 48 heures…

« Le temps de trajet supplémentaire entraîne aussi une augmentation des émissions et a un impact sur la chaîne d’approvisionnement, qui, à son tour, aura un impact sur l’utilisateur final (retards de livraison, éventuelles augmentations de prix) », ajoute-t-on chez Exmar.

 

Les conteneurs à nouveau plus chers

 

Les plus affectés par la situation sont les porte-conteneurs. Le prix du transport d’un conteneur de l’Asie de l’Est vers l’Europe du Nord a ainsi augmenté de 199% au cours des dernières semaines, selon les données de Freightos, une société internationale d’analyse du marché et du fret. Pendant la période covid, le prix du transport d’un conteneur de 40 pieds entre Shanghai et les États-Unis avait déjà explosé de 2.000 à 15.000 dollars.

Selon la plateforme de tarification du fret Xeneta, la situation pourrait encore s’aggraver avant de se stabiliser.

 

Vers un mieux

 

Quoi qu’il en soit, la demande est bel et bien là, forçant les armateurs ne pouvant pas assurer tous les transports à se tourner vers le fret maritime au comptant (en quelque sorte « au prix du jour »), plus coûteux. Les producteurs, eux, se tournent de plus en plus vers le fret aérien pour transporter leurs marchandises.

« L’allongement de la durée du voyage via des routes maritimes plus longues entraînera une augmentation de la demande de navires pour transporter le même nombre de cargaisons. »

« Les armateurs devaient rapidement se ressaisir pour être en mesure de retrouver toutes leurs capacités à l’approche du Nouvel An chinois, le mois prochain », explique-t-on dans la presse spécialisée.

Exmar affiche un même optimisme. « Si la situation actuelle devait perdurer, elle serait bénéfique pour le marché du transport maritime. L’allongement de la durée du voyage via des routes maritimes plus longues entraînera une augmentation de la demande de navires pour transporter le même nombre de cargaisons. Le principe de la tonne-mille (tonne-kilomètre) s’allonge et peut donc avoir un impact favorable sur les prix du marché des navires. »

Source: L’Echo