La Norvège autorise l’exploration des fonds marins, et repousse son exploitation
11 janvier 2024
11 janvier 2024
Une victoire en demi-teinte. En pleine mobilisation contre l’exploitation minière des fonds marins, la Norvège a seulement autorisé leur exploration. Des acteurs commerciaux pourront donc mener des opérations d’exploration pour acquérir des connaissances sur le type de minéraux présents dans ces zones sans qu’une extraction des métaux soit encore autorisée. L’exploitation éventuelle des fonds marins devra faire l’objet d’un nouvel examen par le Parlement.
Avec ce texte législatif, la Norvège autorise donc la prospection dans ces 280.000 km² de fonds marins, situés à plus de 1000 mètres de profondeur, sur une partie de son plateau continental. Ces écosystèmes attisent les convoitises commerciales, car présumés riches en cuivre, cobalt, zinc et terres rares utiles dans la composition de batteries, turbines d’éoliennes, ordinateurs et autres téléphones portables.
C’est pour accéder à ces métaux précieux que la coalition gouvernementale, dominée par les travaillistes, a proposé en juin la possibilité d’autoriser l’extraction minière dans les fonds marins du pays. Cette proposition a néanmoins provoqué la condamnation unanime des ONG et des scientifiques, qui mettent en avant les risques environnementaux de l’extraction pour ces écosystèmes.
Depuis, la société civile s’est mobilisée pour empêcher la Norvège de devenir le premier pays à autoriser l’exploitation de ses fonds marins. Avec ce vote, la mobilisation semble avoir porté ses fruits. « La mobilisation en Norvège et ailleurs dans le monde a permis d’éviter le pire », a expliqué auprès de TF1info Anne-Sophie Roux de l’ONG Sustainable Ocean Alliance. « Ce n’est pas une victoire complète, car les scientifiques préconisent zéro exploration, mais on revient de très loin », a-t-elle souligné.
Sur ses réseaux sociaux, l’activiste française, Camille Etienne, a également approuvé ce changement de dernière minute de la part du Parlement norvégien, soulignant que cela permettait de gagner du temps, jusqu’au prochain vote, dont la date n’a pas encore été fixée. « Ce n’est pas fini. C’est une honte pour la Norvège : la phase d’exploration a bien des impacts invasifs », a-t-elle par ailleurs rappelé. Peu de données sont actuellement disponibles sur les risques environnementaux d’une telle prospection.
« C’est une honte parce que la Norvège risque de créer un précédent », qui permettra « à d’autres pays de faire de même », s’est aussi désolé Frode Pleym, à la tête de la branche norvégienne de Greenpeace et présent à une manifestation devant le Parlement norvégien.