Climat Libé Tour Marseille: Bientôt, un océan de plastique ?

 

La question qui lance le premier débat du Climat Libé Tour, à Marseille ce samedi, plombe directement l’ambiance. «Se baignera-t-on bientôt dans une mer de plastique et plus une mer de poissons ?» Pour l’océanographe Richard Sempéré, directeur de l’Institut des sciences de l’océan d’Aix-Marseille Université, la réponse est «oui, d’ici un siècle», si l’homme continue sur sa lancée. Aujourd’hui, l’humanité produit 500 millions de tonnes de plastique chaque année. Alors qu’il faudrait dès maintenant réduire ce chiffre, des projections estiment que l’industrie du plastique dépassera les 600 millions de tonnes produites d’ici 2030.

Des chiffres alarmants quand on sait que dès qu’un plastique est produit, il se décomposera lui-même inévitablement en milliers de micro et nanoplastiques, rappelle Richard Sempéré, contaminant par la suite environnement et êtres vivants. D’où l’objet du débat de ce matin : comment stopper l’hémorragie plastique ? Autour de la table, avec le spécialiste des océans et devant quelques dizaines d’auditeurs, on retrouve Christine Juste, adjointe au maire de Marseille chargée de l’environnement, Alexandre Mounier, militant de l’association 1 Déchet par jour, et Julie Gautier, apnéiste. Olivier Poivre-d’Arvor, ambassadeur pour les pôles et les enjeux maritimes, qui devait intervenir en visio depuis l’Antarctique, n’a finalement pas pu participer. Mais il a une bonne excuse : «La connexion est impossible, il est sur une mer déchaînée, en pleine tempête, sur l’océan austral», indique la journaliste Aurore Coulaud, qui anime la discussion.

Autour de la table, tout le monde partage un constat : le plastique, autrefois présenté comme une matière révolutionnaire et d’avenir, pourrait bien mener le monde et l’homme à leur perte. Pour éviter ce péril, il faut dès aujourd’hui réduire la production mondiale de cette matière et proscrire en premier les emballages à usage unique. Déplorant une «société du tout jetable et du tout plastique», Christine Juste se félicite que cette réalité soit désormais «perçue comme un enjeu majeur après avoir longtemps été sous les radars». Au niveau local, l’élue marseillaise prône d’abord un «retour du verre et de la consigne», une mesure efficace et relativement simple à mettre en place avec un peu de volonté politique.

A ses côtés, Alexandre Mounier rappelle que la métropole Aix-Marseille consacre chaque année un budget colossal à la gestion des déchets, «le deuxième poste de dépense» après les transports. Le militant d’1 Déchet par jour propose un mantra simple pour agir dès maintenant en tant que consommateur : la méthode 4R, qu’il présente comme «pertinente et vertueuse». Il s’agit en premier lieu de «refuser», quand c’est possible, tout emballage plastique vendu ou donné par les commerçants. Ensuite, il faut «réduire» notre utilisation du plastique, le «réemployer» et en dernier recours seulement le «recycler». Car, rappelle-t-il, «le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne produit pas». Il le concède, «ce n’est pas populaire auprès des entreprises car ce n’est pas bon pour l’économie. Mais pour limiter nos pollutions, c’est le levier le plus important».

Source: Libération