Grâce à leurs décharges électriques, les anguilles électriques donnent la possibilité à l’ADN présent dans l’eau d’entrer à l’intérieur d’autres poissons et de s’y exprimer. Vertigineux.
Dans les laboratoires, les scientifiques utilisent l’électricité pour créer des pores membranaires [des trous microscopiques dans la membrane des cellules à travers lesquels des molécules peuvent passer], ce qui permet de transférer du matériel génétique dans les cellules”, rappelle New Scientist. Le chercheur Atsuo Iida, de l’université japonaise de Nagoya, s’est demandé si ce phénomène, nommé “électroporation”, existait dans la nature.
Il s’est tourné vers l’anguille électrique, une espèce de poisson d’eau douce connue pour émettre des décharges faibles qui lui permettent d’explorer le milieu, et des décharges fortes quand il s’agit de se défendre ou de paralyser sa proie. Grâce à une expérience originale, décrite dans la revue électronique PeerJ, il a montré que, dans un aquarium, les anguilles électriques sont capables de faire pénétrer de l’ADN présent dans l’eau chez des poissons. Et cet ADN s’exprime. Étonnant.
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Voici l’expérience imaginée par Atsuo Iida et ses collègues. Ils ont placé dans un aquarium de l’ADN codant une protéine verte fluorescente, des larves de poisson zèbre et des anguilles préalablement nourries pour éviter qu’elles chassent les larves. Les décharges électriques étaient seulement exploratoires.
Qu’ont observé les biologistes ? “Au bout d’une journée, certaines larves [naturellement transparentes] de poisson zèbre ont commencé à briller, ce qui confirme qu’elles avaient bien capté le gène de la protéine fluorescente”, indique New Scientist, qui précise que la fluorescence a duré entre trois et sept jours.
Reste à savoir si ce nouveau gène se transmet à la génération suivante et si de tels transferts se produisent dans la nature, grâce aux décharges électriques d’animaux possédant cette faculté.
Source: courrier international