La tension monte d’un cran à la COP28
12 décembre 2023
12 décembre 2023
Alors que la conférence mondiale sur le climat entre dans sa dernière ligne droite à Dubaï, des questions cruciales restent ouvertes sur l’atténuation et les moyens que les pays entendent y consacrer.
De notre envoyé spécial à Dubaï
Avant la fin de la conférence internationale sur le climat1, attendue le 12 décembre à 11 heures2 (8 heures à Paris) à Dubaï (Émirats arabes unis), la tension est montée d’un cran ce lundi matin. Après une nuit quasiment blanche et avant les dernières tractations, Simon Stiell, le secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), restait encore optimiste sur la possibilité d’un accord ambitieux3.
Après avoir indiqué que le nombre d’options se resserrait dans le texte final, le «bilan mondial», Simon Stiell a indiqué qu’il restait deux questions à discuter. «Quelle sera l’ampleur de notre ambition sur l’atténuation?» et «Sommes-nous
prêts à soutenir cette transition avec des moyens appropriés?». En clair, les pays vont-ils se mettre d’accord pour réduire suffisamment les émissions de gaz à effet de serre, avec un texte qui pourrait préciser une mention claire aux énergies fossiles4, et des financements suffisants seront-ils alloués aux pays en développement qui ont des difficultés à quitter leur dépendance au charbon, au gaz et au pétrole? C’est le cas, en particulier de l’Inde. Par ailleurs, l’Arabie
saoudite et des pays pétroliers, notamment l’Irak, feraient encore de l’obstruction.
C’est le moment des compromis, sans faire de compromis sur les ambitions (…) pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et pour instaurer de la justice climatique.
De son côté, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a indiqué que c’est «le moment des compromis, sans faire de compromis sur les ambitions». Et il a appelé les pays à de «l’ambition pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et pour instaurer de la justice climatique».
Il a indiqué que le texte final devrait contenir des éléments pour tripler la part des énergies renouvelables (en 2030 par rapport à 2022), doubler l’efficacité énergétique et s’attaquer aux «racines de la crise climatique: les énergies fossiles», sans faire de distinction entre le charbon, le gaz naturel et le pétrole. Mais il faut laisser du temps aux pays les plus pauvres et les moins développés pour engager leur décarbonation, qui ne pourra se faire en un jour. Antonio Guterres a donc proposé «la création d’un pacte de solidarité», afin d’aider les pays les plus démunis à sortir des énergies fossiles et faire en sorte que soit maintenu l’objectif d’un réchauffement limité à +1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle.
Un texte promis dans les prochaines heures Simon Stiell a promis un projet de texte sur le bilan mondial dans les «
prochaines minutes » ou les « prochaines heures ». Mais les discussions doivent coincer. Car une conférence de Sultan al-Jaber, prévue à 7h30 (heure de Paris) et annoncée quinze minutes plus tôt, a été annulée au moment même
où elle devait se dérouler ! Et trois heures plus tard, le nouveau projet du bilan mondial n’était toujours disponible. Des textes ont bien été diffusés, notamment avec un engagement financier de 179 millions de dollars alloués au pays les moins avancés, financés par l’Allemagne, la Belgique, le Canada, l’Espagne, la France, l’Irlande, la Norvège, la Suède et le Royaume-Uni. Et des avancées ont également été annoncées sur l’adaptation (pour aider les pays à se préparer au
changement climatique), mais sans allouer de moyens plus conséquents que le doublement prévu de l’enveloppe de 20 milliards de dollars par an à partir de 2025. L’accroissement de ces crédits pour l’adaptation « sera un pas initial », a
ajouté le Secrétaire général des Nations unies.
«Nous avons encore 24 heures» pour proposer un accord, a insisté le secrétaire exécutif de la CCNUCC. «J’entends que tout le monde veut partir d’ici avec quelque chose» de nouveau.