À la COP28, n’oublions pas l’Afrique

 

De grands débats ont lieu à cette 28e édition de la conférence des Nations unies sur les changements climatiques qui se tient à Dubaï. Pour la première fois, les échanges portent principalement sur la place des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) dans le mix énergétique.

Il est de mise de placer cet enjeu au coeur des engagements à prendre au cours de cette conférence. Les énergies fossiles représentent toujours plus de 80 % de la production énergétique mondiale, soit la même proportion qu’il y a… trois décennies ! Et elles sont responsables à elles seules de plus des trois quarts des émissions de gaz à effet de serre (GES). Il est donc plus que temps d’en parler.

Un autre enjeu ne devrait pas être évité pour autant : l’appui aux pays en développement, notamment ceux de l’Afrique, pour une économie décarbonée et l’adaptation aux effets des changements climatiques.

 

Pourquoi l’Afrique ? La population du continent devrait presque doubler d’ici à peine 30 ans, passant de plus d’un milliard à plus de deux milliards d’habitants. Il s’agit aussi du continent qui subit le plus durement les effets dévastateurs des changements climatiques. Neuf des dix pays les plus vulnérables de la planète s’y trouvent : le Tchad, la République centrafricaine, la Guinée-Bissau, l’Érythrée, la République démocratique du Congo, le Soudan, le Niger, le Zimbabwe et le Liberia. 

Non sans injustice, le continent ne contribue pourtant qu’à hauteur de 4 % aux émissions mondiales de GES, même s’il représente 17 % de la population mondiale. Il concentre d’ailleurs le plus grand bassin de personnes sans accès fiable à l’énergie, soit quelque 600 millions. 

Trop peu du Canada

Un fonds très attendu vient d’être annoncé afin que les pays riches aident les pays en développement à compenser les « pertes et dommages » attribuables au climat. Le Canada a répondu présent et a annoncé une mise de fonds initiale de 16 millions de dollars. C’est un appui de démarrage, dit Ottawa, car une telle somme est bien trop mince pour avoir un réel impact. Les fonds totaux avoisinent pour l’heure les 500 millions. Une goutte d’eau dans l’océan.

Les besoins financiers du continent en matière climatique sont en effet immenses. L’Afrique dit nécessiter pas moins de 2800 milliards d’ici 2030 afin de pouvoir respecter ses engagements pour la lutte et l’adaptation aux changements climatiques, et investir dans des projets de développement qui soient durables. 

En matière d’énergie notamment, le continent n’a développé qu’une fraction de son immense potentiel. Par exemple, en hydroélectricité, la Banque africaine de développement estime celui-ci à 350 000 mégawatts, dont seulement 7 % ont été exploités. Il en est de même pour l’éolien et le solaire : seulement 1 % du potentiel a été exploité.

La Banque exhorte depuis des années la communauté internationale à faire bien davantage, y compris le secteur privé, car l’Afrique ne reçoit présentement que 3 % du financement climatique mondial et ce, dans des projets à petite échelle, sans réel impact pouvant soutenir un développement socioéconomique conséquent. 

Pour le Canada, le Québec et les autres pays riches, ce n’est pas que charité que de soutenir ces besoins de financement. Les émissions de GES ne connaissent pas les frontières. Un GES émis au Canada ou en Afrique est tout aussi néfaste pour le réchauffement du climat. Mais il s’agit surtout d’accompagner un continent qui abritera bientôt un humain sur quatre et qui doit plus que tout autre trouver les moyens financiers de s’adapter à ce phénomène délétère.

Source: Le devoir