Transport maritime : les promesses incertaines de l’hydrogène décarboné

 

Le fret maritime émet 3 % des gaz à effet de serre et figure parmi les principales activités pollueuses de la planète. Le carburant hydrogène offre une alternative pour son verdissement, mais des problèmes techniques subsistent, au bénéfice d’autres options de transition.

Le transport maritime a ses moteurs braqués sur « Energy Observer ». Après avoir démontré qu’il est possible de naviguer sur toutes les mers du globe sans énergie fossile à bord d’un catamaran – qui produit un carburant hydrogène à partir d’eau de mer – son skipper Victorien Erussard entend prouver qu’il est possible de faire de même pour les cargos. Long de 120 mètres sur 22 mètres de large, le prototype qu’il envisage – « Energy Observer 2 » – sera propulsé par de l’hydrogène liquide et une assistance vélique. Il pourra transporter jusqu’à 5.000 tonnes de marchandises. L’investissement nécessaire à sa construction est considérable : entre 70 et 100 millions d’euros.

Air Liquide, déjà partenaire de la première heure, sera de l’aventure pour apporter son expertise dans la production, le stockage, la distribution et la sécurité de l’hydrogène liquide. Le capitaine malouin peut aussi compter sur le soutien du groupe marseillais CMA CGM, qui va consacrer 200 millions d’euros, prélevés sur son fonds énergies, doté de 1,5 milliard d’euros sur cinq ans, pour accélérer la décarbonation de la filière maritime française.

Bureau Veritas, pour les aspects réglementaires, et l’Institut pour la transition écologique et énergétique du Maritime (T2EM) du Cluster maritime français complètent le tour de table. « Notre objectif est de réunir les meilleurs industriels pour mettre au point ce navire de transport zéro émission, qui naviguera en Europe avec une autonomie de trente jours en mer », projette Victorien Erussard.

Le GNL, étape de transition

L’Organisation maritime internationale (OMI) a fixé des objectifs de décarbonation ambitieux, qui expliquent pourquoi ce projet embarque les plus grands acteurs du secteur : réduire de 70 % l’intensité carbone et de 50 % les émissions de gaz à effet de serre de la flotte mondiale d’ici à 2050.

« On peut optimiser le routage des navires, modifier la structure des coques, améliorer la logistique, réduire la vitesse. Ce sera suffisant pour atteindre la moitié des objectifs. Mais pour aller au-delà, il faudra changer de carburant. L’hydrogène est l’alternative la plus crédible », défend Katia Nicolet, scientifique embarquée à bord d’« Energy Observer ».

Source: Les Echos