L’UE et le Japon rêvent d’un câble sous-marin de communication à travers l’Arctique

 

Relier le Japon à l’Europe via un câble sous-marin passant par l’Arctique, tel est l’objectif affiché par un mémorandum signé par l’UE et les autorités japonaises, le 3 juillet. Ce projet, en germe depuis plusieurs années, connaît un regain d’intérêt dans la perspective d’accélérer la communication tout en contournant les eaux russes.

Une autre étape a été franchie pour la construction d’un câble sous-marin de télécommunications reliant le Japon et l’Europe. Lundi 3 juillet, le ministre des Affaires intérieures et des Communications nippon, Takeaki Matsumoto, et le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, ont signé à Tokyo un mémorandum pour accélérer leurs initiatives de soutien financier pour la réalisation du projet, rapporte le quotidien japonais Nihon Keizai Shimbun.

L’objectif est de relier le Japon et le Vieux Contient par un câble passant par l’Alaska et les îles du nord du Canada. « Les câbles existants transitent par le Pacifique ou l’océan Indien. En passant par la zone arctique, la distance pourrait être réduite de 20 à 30 %. En matière de télécommunications, [la longueur des câbles] est un élément clé qui affecte la vitesse à laquelle les informations sont transmises », explique le journal.

À l’heure où la guerre en Ukraine bat son plein, l’idée est surtout de contourner les côtes russes. « En construisant le câble qui passerait par l’Alaska, c’est-à-dire par le côté américain de l’Arctique, ils pourront éviter les eaux russes, chose importante pour réduire les risques comme une fuite d’informations », précise le journal.

14 000 kilomètres sous l’eau

Si le texte du mémorandum ne le mentionne pas directement, le projet de câble de fibre optique Far North Fiber est dans toutes les têtes. En octobre 2022, Euractiv rapportait que la Commission européenne envisageait de participer au financement du câble transarctique long de quelque 14 000 kilomètres.

Dans un article publié début juin, la chaîne publique japonaise NHK décrit un chantier piloté par un consortium regroupant des entreprises américaines, japonaises et finlandaises. L’Union européenne aurait déjà consenti à financer des recherches de terrain.

Outre l’aspect géopolitique, le projet vise à relier les centres de données qui ont tendance à migrer de plus en plus au nord – le refroidissement de ces centres est très vorace en énergie, les installations migrent vers les climats moins chauds. « La quantité de données stockées dans les centres va connaître une augmentation dans la région arctique. La trajectoire [prévu pour le câble] sera importante dans ce sens-là », explique Stefan Kramer, conseiller sur la politique numérique de la délégation européenne au Japon, interrogé par la NHK.

Pour mener le projet à bien, un budget de 150 milliards de yens (950 millions d’euros) serait nécessaire. Ethan Berkowitz, représentant de Far North Fiber et ancien maire d’Anchorage, plus grande ville en Alaska, espère quant à lui une mise en service d’ici trois ans.