Le transfert d’une énorme cargaison de pétrole du « FSO Safer », un supertanker délabré au large du Yémen, est sur le point de commencer après une mission d’inspection de deux semaines, a annoncé l’ONU. Pour récupérer la cargaison de pétrole qui menace de se déverser en mer Rouge, l’ONU a acheté le « Nautica », ce pétrolier ici à Singapour, le 18 avril. (Roslan Rahman /AFP) par LIBERATION et AFP publié le 13 juin 2023 à 16h31 Une course contre la montre pour éviter la catastrophe et un dénouement qui approche. Le transfert vital d’une cargaison de pétrole depuis un supertanker délabré au large du Yémen est imminent, a annoncé l’ONU lundi 12 juin. Cette opération cruciale a pour but d’éviter une marée noire en mer Rouge et est sur le point de commencer après une mission d’inspection de deux semaines. David Gressly, coordinateur humanitaire de l’ONU pour le Yémen, a déclaré : «Nous nous rapprochons du point où nous pouvons commencer le transfert […], la prochaine phase et sans doute la plus importante». Ancré à quelque six kilomètres au large du port de Hodeida, à l’ouest du pays, le FSO Safer est un vieux pétrolier rouillé, vieux de 47 ans, transformé en terminal flottant de stockage et de déchargement, sans aucun entretien depuis 2015.
Le navire est un des symboles de la guerre civile qui ravage le Yémen, pays confronté à l’une des pires crises humanitaires au monde. Cette crise oppose les dirigeants au pouvoir reconnu par la communauté internationale aux rebelles Houthis. Ces derniers contrôlent la zone où mouille le bâtiment. Une équipe d’experts de l’ONU est montée à bord fin mai pour inspecter le bateau et préparer le transvasement de l’équivalent de plus d’un million de barils de pétrole vers un navire-citerne acheté par l’ONU, le Nautica. «Il y a encore quelques étapes à franchir, au niveau de l’assurance et d’autres problèmes que nous devons résoudre avant de faire venir» ce bateau, qui attend à Djibouti, a précisé David Gressly. 148 millions de dollars L’opération chiffrée à 148 millions de dollars a été confiée à l’entreprise spécialisée SMIT Salvage, filiale du néerlandais Boskalis, qui doit pomper le pétrole et préparer le remorquage du pétrolier une fois vidé. «Après deux semaines d’inspection, notre équipage est convaincu que le Safer est suffisamment solide pour une telle opération», a déclaré le PDG de Boskalis, Peter Berdowski, pendant la conférence à La Haye. «En ce qui nous concerne, nous sommes prêts», a-t-il ajouté en soulignant que le transfert pourrait durer une semaine à un mois, selon la qualité du pétrole stocké sur le FSO Safer. Selon lui, les experts doivent encore vérifier s’il y a de l’oxygène dans les réservoirs d’huile, qui risquent de provoquer une explosion, et mener une inspection sous-marine de la coque du pétrolier.
Une explosion ou une fuite de la cargaison du Nautica auraient des «conséquences bien plus étendues, plus graves et plus durables que ne le laissaient supposer les informations précédemment disponibles», soulignait Greenpeace fin janvier 2023. En effet, des millions de personnes au Yémen et dans les pays voisins pourraient être exposées à des niveaux de pollution atmosphérique très élevés et faire face à des particules qui contiennent des produits chimiques toxiques et cancérigènes. Par ailleurs, si ces 140 000 tonnes de pétrole se déversaient, cela représenterait une marée noire quatre fois pire que celle de l’Exxon Valdez, un pétrolier échoué en 1989 non loin des côtes de l’Alaska qui avait engendré l’une des pires catastrophes de ce genre. De plus, en cas de marée noire, le coût du seul nettoyage est estimé à 20 milliards de dollars par l’ONU, qui négocie avec un consortium d’assurances pour couvrir l’opération
Source: Libération