Le «World Ocean Summit», principale conférence sur l’économie marine, s’ouvre à Lisbonne
3 mars 2023
3 mars 2023
Pendant trois jours, des acteurs de l’économie marine se rassemblent au Portugal pour trouver de nouvelles solutions à la protection des océans. La conférence se focalisera sur les impacts de la pêche, du transport et du tourisme maritime, mais aussi sur les énergies marines renouvelables et la finance bleue.
Changement climatique, disparition de la biodiversité, pollution : les enjeux de la protection des océans sont multiples. À Lisbonne cette année, les décideurs, les scientifiques, les entreprises et la société civile aborderont les impacts des industries marines, notamment le transport maritime, la pêche, l’aquaculture, l’énergie et le tourisme.
Développer une économie bleue, durable afin de réduire les pratiques nocives et restaurer la santé des océans pour atteindre les objectifs de développement durable des Nations Unies (ODD) 2030 est en effet au cœur de ce sommet. Des discussions auront donc lieu entre porteurs de solutions et investisseurs.
Pour Anne-Sophie Roux, représentante en France de la Sustainable Ocean Alliance, il est important que le secteur privé se saisisse du sujet de la préservation des mers et des océans afin de diversifier les moyens de financer les solutions. Les aires marines sont protégées dans les textes par exemple. Mais il n’y pas vraiment de mécanismes mis en place. Même chose pour la décarbonation du transport maritime. Comment la finance-t-on ?
Les organisations de protection de l’environnement, comme la Sustainable Ocean Alliance, alertent sur les risques d’exagération des préoccupations écoresponsables des entreprises présences à Lisbonne. Parmi les sponsors de cette conférence sur l’économie de la mer, on trouve en effet l’armateur italo-suisse MSC. Le blue washing tout comme le greenwashing sont devenus des techniques marketing très au point.
Sur la taxation carbone notamment, de grands groupes se sont targués d’être écoresponsables. Le protocole de Kyoto avait en effet mis en place un mécanisme qui permettait, si l’exploitant réduisait ses émissions de CO2, il pouvait revendre son droit à émettre du CO2 non utilisé. Mais, bien souvent, ces crédits carbone étaient vides, explique Anne-Sophie Roux. « On parle beaucoup de ‘‘Blue Carbon Credit’’. C’est-à-dire attribuer des crédits carbone à la restauration des écosystèmes marins. Typiquement sur ce sujet-là, il faut vraiment qu’on prenne comme une opportunité le fait d’avoir vu qu’il y avait plein de choses qui ne marchaient pas. Du coup, essayer d’adresser les choses qui ne vont pas pour faire des crédits carbone bleus qui soient le plus impactants possibles, et sans se dire que ça va être ça la solution non plus. Je pense que les rapports scientifiques sont assez clairs pour dire que ce n’est pas la technologie, par exemple, qui résoudra tous les problèmes … »
Des discussions économiques donc lors de ce World Ocean Summit à Lisbonne alors que des échanges plus politiques ont lieu parallèlement entre les États membres de l’ONU jusqu’au 3 mars. Les observateurs comptent sur l’élan donné par l’accord historique conclu à Montréal lors de la COP15 sur la biodiversité pour signer un traité de protection de la haute mer. Les pays du monde se sont en effet engagés en décembre 2022 à protéger 30 % de l’ensemble des terres et des océans d’ici à 2030.