Une étude sur la pollution plastique publiée ce lundi montre que, loin des bonnes intentions affichées par beaucoup d’Etats, les pays développés devraient doubler leur consommation de ce matériau d’ici 2050.
Malgré son impact dévastateur sur la biodiversité et la santé humaine , l’avidité mondiale pour le plastique ne cesse de croître. Les pays développés devraient presque doubler leur consommation de ce matériau d’ici 2050, révèle une étude publiée ce lundi par Back to Blue, un collectif unissant les efforts du think-tank Economist Impact et de l’organisation philanthropique Nippon Foundation. Dans 19 pays du G20 scrutés par le collectif, les programmes existants pour développer le recyclage ou réduire la consommation de plastique à usage unique n’ont «qu’effleuré la surface» du problème, déplore Back to Blue. En 2019, 109 millions de tonnes de déchets plastiques s’étaient accumulées dans les rivières du monde, 30 millions dans les océans. Et seuls 9 % de tous les déchets plastiques générés jusqu’à présent ont été recyclés . C’est pourquoi un plan mondial «complet» et «agressif» est nécessaire, plaide le collectif.
Le rapport soutient la mise en place de mesures radicales, comme l’interdiction pure et dure du plastique à usage unique ainsi que l’instauration de taxes de production élevées pour les industries pétrochimiques . Il faut également, dit l’étude, rendre les entreprises responsables de toute la durée de vie de leurs produits, y compris le recyclage et l’élimination. «Seule une combinaison de ces politiques et de mesures plus audacieuses, y compris d’éventuelles restrictions sur la production de plastique vierge, permettra d’atteindre le pic du plastique et de voir la consommation ralentir à l’avenir» , résume le document. Sans cela, «la consommation de plastique dans les pays du G20 doublera presque d’ici le milieu du siècle» .
451 millions de tonnes de plastique produites d’ici 2050
De leur côté, les Nations unies ont lancé des négociations pour un accord de lutte contre la pollution plastique , en Uruguay en novembre 2022. Le but ? Elaborer un traité juridiquement contraignant d’ici la fin 2024. Plus de 175 pays se sont inscrits aux pourparlers. Et l’enjeu est immense : si les négociations échouent, la production annuelle de plastique dans les pays du G20 pourrait atteindre 451 millions de tonnes d’ici 2050 selon les taux de croissance actuels, affirme Back to Blue. «Il ne faut pas se faire d’illusions sur le fait que les négociations sur le traité seront difficiles et perfides» , projette le collectif. «Les chances d’échec – non seulement qu’aucun traité n’émerge, mais qu’il soit trop faible pour inverser la marée de plastique – sont considérables.»
Les mesures combinées pourraient limiter la consommation annuelle à 325 millions de tonnes de plastique d’ici 2050, mais cela serait encore en hausse d’un quart par rapport à 2019, soit l’équivalent de 238 millions de camions poubelles remplis. Parmi les pays du G20 qui n’ont pas encore introduit d’interdictions nationales sur les produits en plastique à usage unique figurent le Brésil, les États-Unis, l’Indonésie et la Turquie, selon le rapport. En France, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec) «entend accélérer le changement de modèle de production et de consommation» des plastiques avec une sortie des emballages uniques d’ici 2040.
Source: Liberation