Exploitation minière en eaux profondes : attention aux conséquences « irréversibles » pour les cétacés

 
Des chercheurs réclament des « recherches urgentes pour évaluer plus complètement l’impact potentiel de l’exploitation minière en eaux profondes sur les baleines, les dauphins ou les marsouins
 

L’exploitation minière en eaux profondes pourrait poser des « risques significatifs pour les écosystèmes océaniques » et ses effets potentiellement « irréversibles » sur les cétacés doivent être évalués de manière urgente, estiment des chercheurs dans un article publié ce mardi.

Les perturbations engendrées pour ces animaux risquent d’être probablement « de longue durée et irréversibles », mettent en garde ces scientifiques issus de l’université britannique d’Exeter et d’un laboratoire de l’ONG Greenpeace, dans le journal Frontiers in Marine Science. Ils réclament des « recherches urgentes pour évaluer plus complètement l’impact potentiel de l’exploitation minière en eaux profondes sur les cétacés » tels que les baleines, les dauphins ou les marsouins.

 

Une convoitise de plus en plus grande

 

Les fonds marins suscitent une convoitise de plus en plus grande car certains contiennent des métaux, notamment du manganèse, du cobalt ou du nickel, très demandés pour fabriquer les batteries de véhicules électriques. L’exploitation minière en haute mer n’existe pas encore mais l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) pourrait cette année adopter un code minier lui ouvrant la voie.

Les compagnies minières lorgnent en particulier sur le potentiel de la zone de Clarion-Clipperton (CCZ), située entre le Mexique et Hawaï dans l’océan Pacifique, qui est l’habitat d’au moins 25 espèces de cétacés, dont des dauphins et des cachalots.

Dans l’article, les chercheurs s’inquiètent particulièrement des pollutions sonores qui seraient produites « 24 heures par jour et à diverses profondeurs » en cas de développement d’une telle industrie. « Le son produit par les opérations de minage, y compris par des véhicules télécommandés sur les fonds marins, se superpose aux fréquences auxquels les cétacés communiquent », soulignent les auteurs.

 

L’équivalent de travaux 24 heures sur 24, 7 jours sur 7

 

« Imaginez que votre lieu d’habitation soit soudainement perturbé par des travaux de construction qui se déroulent 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Votre vie changerait radicalement. Votre santé mentale serait affectée et votre quotidien bouleversé. Il en est de même pour les baleines ou les dauphins », explique Kirsten Thompson, biologiste à l’université d’Exeter. Cette perspective est d’autant plus problématique que les cétacés sont déjà confrontés à de nombreuses sources de stress, y compris liées au changement climatique, et que des espèces se remettent à peine d’avoir été chassées par l’homme.

Source: SUD OUEST