À Marseille, un record de vitesse à la voile pour décarboner les navires
9 décembre 2022
9 décembre 2022
La start-up marseillaise Syroco crée un bolide tracté par une aile de kite pour pulvériser le record de vitesse à la voile. Un prétexte pour développer des solutions de décarbonation des navires.
Dans un hangar niché dans l’anse du Pharo, la start-up marseillaise Syroco est en train de créer un navire d’un nouveau genre qui vise à pulvériser le record de vitesse à la voile. Son speed craft doit atteindre 150 km/h par la seule force du vent d’ici un an.
Pour obtenir une telle performance, le fondateur de la société, Alex Caizergues, s’est inspiré de sa discipline, le kite-surf, dans laquelle il détient quatre titres de champion du monde de vitesse avec le record actuel à 107,3 km/h.
De quoi donner des idées pour la construction d’une capsule ultra-rapide. « Elle sera prise entre une force de propulsion, le kite (cerf-volant, ndlr), et une force anti-dérive, le foil (une aile sous l’eau). La nacelle s’envole au-dessus de l’eau. La réduction des frottements avec la mer est donc maximale ».
Cette approche permettrait de maximiser l’énergie du vent : « 150 km/h de vitesse avec 50 km/h de vent ». C’est 30 km/h de plus que le record absolu à la voile, détenu par le navire SailRocket 2. En 2012, il a atteint 121,06 km/h au large de la Namibie.
« On se fixe une marche beaucoup plus haute qui nous oblige à développer de nouvelles technologies », poursuit Alex Caizergues. « Elles pourraient aider à la décarbonation du transport maritime ». Car le bolide, « hyper efficace énergétiquement, est une véritable plateforme de recherche et développement ».
C’est là que la start-up place tout l’enjeu du record. Un prétexte pour améliorer les performances énergétiques du transport maritime. Cette industrie achemine 90 % des marchandises mondiales avec une propulsion thermique utilisant un fioul polluant et décrié. Un enjeu fort, notamment à Marseille, où le projet prend tout son sens.
Le premier prototype, à l’échelle 1/3, a déjà permis de développer plusieurs technologies. Elles pourraient s’appliquer à améliorer la consommation des navires. La première est déjà commercialisée et utilisée par de grands armateurs et chantiers navals : le logiciel Efficientship. Il calcule les différentes forces, les énergies, l’aérodynamique et l’hydrodynamique du bateau.
« On crée un jumeau numérique du navire qui modélise virtuellement son comportement dans différents cas », explique Yves de Montcheuil, co-fondateur de Syroco en charge de la stratégie produit et marketing.
« Ça nous permet de calculer très précisément la consommation énergétique et l’impact des différents modes de propulsion : gaz naturel liquéfié, électro-hydrogène, avec une voile, un kite… Et quel est leur impact en termes de consommation de carburant. Et donc d’émissions de gaz à effet de serre ».
Alors que l’industrie du transport maritime est en train d’entamer sa transition, la start-up s’est positionnée comme un porteur de solutions. Le projet de record et les développements associés nécessitent un budget de 6 millions d’euros. Avec déjà une vingtaine d’employés à Marseille, « on devrait doubler les effectifs d’ici 18 mois », conclut Yves de Montcheuil.
Source: made in marseille