Pollution plastique : neuf géants français de l’agroalimentaire mis en demeure par des ONG
30 septembre 2022
30 septembre 2022
Se basant sur une législation française, trois ONG environnementales ont déposé un recours contre ces entreprises qu’elles accusent de ne pas réduire leur utilisation de plastique de manière suffisante. Elles appellent à « un choc de déplastification » dans cette industrie.
Des efforts insuffisants pour réduire leur utilisation du plastique. C’est la raison évoquée par trois ONG environnementales pour mettre en demeure plusieurs grands groupes français de l’agroalimentaire.
Lancée par les organisations ClientEarth, Surfrider Foundation Europe et Zero Waste France, cette action en justice vise les groupes Auchan, Carrefour, Casino, Danone, Lactalis, Les Mousquetaires, Picard Surgelés, Nestlé France et McDonald’s France. Dans son communiqué , la coalition d’ONG accuse ces neuf firmes de ne pas proposer de mesures efficaces « pour atténuer les risques et prévenir les atteintes graves à l’environnement, à la santé et aux droits humains liés à l’utilisation des plastiques ».
Si certaines de ces entreprises se sont attelées au problème, les mesures sont bien souvent insuffisantes, selon les trois organisations environnementales. D’après leur expertise, Lactalis, McDonald’s France, Nestlé France et Picard n’auraient même aucun plan en la matière.
Or, depuis 2017, la loi française sur le devoir de vigilance oblige les entreprises basées en France et employant plus de 5.000 personnes sur le territoire, ou plus de 10.000 dans le monde, à prendre des mesures effectives pour prévenir les atteintes aux droits humains et à l’environnement sur l’ensemble de leur chaîne d’approvisionnement. Ces mesures concrètes sont censées prendre la forme de ce qu’on appelle « un plan de vigilance ».
Cette législation a été adoptée suite au drame de l’effondrement en 2013 de l’immeuble « Rana Plaza » en Inde. Elle prévoit que les entreprises disposent d’un délai de trois mois pour respecter leurs obligations et éventuellement dialoguer avec les ONG. Au terme de ce délai, celles-ci ont la possibilité de lancer des assignations en justice.
« Nous dialoguons avec la plupart de ces entreprises depuis des années », a expliqué à l’AFP Antidia Citores, porte-parole de la coalition d’ONG, estimant que « ces mises en demeure sont dans la continuité de ce dialogue, quand force est de constater que rien ou pas assez n’est fait ».
« Nous voulons créer un choc de déplastification, il faut que ces entreprises se mettent sur une bonne trajectoire, avec des mesures chiffrables », ajoute la responsable de plaidoyer, rappelant que « le plastique cause des dommages sur l’environnement, la santé et les droits humains ».
Pour illustrer le problème, Maître Sébastien Mabile, un des avocats de la coalition d’ONG, a relevé que lorsque des stratégies de déplastification existent, elles sont « sont basées quasi exclusivement sur les produits recyclables, dont on sait qu’une infime partie seulement est en fait recyclée ».
Dans les colonnes du journal « Le Monde », McDonald’s France a réagi : « Nous regrettons une communication de plusieurs ONG qui ne reflète pas la réalité de nos pratiques et des résultats obtenus ». Le groupe de restauration rapide avance avoir évité « plus de 10.000 tonnes de plastique par an ».
L’ONU a lancé, en mars dernier, l’élaboration d’un traité international visant à lutter contre la pollution plastique, qui ne cesse d’augmenter. Selon les dernières estimations de l’OCDE, quelque 460 millions de tonnes de plastique ont été produites en 2019 dans le monde, générant 353 millions de tonnes de déchets. Parmi elles, moins de 10 % sont actuellement recyclées et 22 % sont abandonnées dans des décharges sauvages, brûlées à ciel ouvert ou rejetées dans l’environnement.
Pour les grands groupes alimentaires, la voie la plus efficace pour s’attaquer au fléau du plastique, est de réduire considérablement leur utilisation à la source. Le procédé de recyclage de cette matière, par nature limité, demeure insuffisant.